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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
un somptueux costume de soie rose garni de dentelles. C’est une
brune, à l’œil noir et vif, qui semble dans tout l’éclat de sa jeunesse.
M. Roslin possède également une charmante miniature, qui pourrait
bien être de Hall, ami et compatriote de Roslin, et qui donne de
Suzanne Giroust la même impression. Assurément, ce n'est pas une
beauté, au sens absolu du mot ; c’est tout au moins une fort agréable
personne, et l’on conçoit que le quadragénaire qu’était Roslin quand
il l’épousa, en ait été très vivement épris.
De cette union étaient nés plusieurs enfants. 1ms charges qu’ils
apportèrent dans la maison furent pour l’activité de Roslin un nou-
veau stimulant. Le chagrin même de son veuvage ne put refroidir
cette ardeur, et, au Salon de 1773, il exposa une longue suite de por-
traits, parmi lesquels figuraient ceux du roi de Suède et de son frère
le duc d’Ostrogothic. Celte commande montre en quelle estime on
gênait, en Suède, le talent du peintre. Depuis longtemps déjà, de
brillantes propositions lui avaient été faites pour le décider à se
lixer dans sa patrie; sur de nouvelles instances du roi, il se décida
à quitter pour quelques années la France, et commença, par la Suède,
un voyage auprès des cours (lu Nord qui ne devait pas durer moins
de quatre ans.
Nous n’avons malheureusement pu trouver, au sujet de ce
voyage, aucun renseignement dans les mémoires du temps, et nous
sommes, pour cette période de la vie de Roslin, réduits à la biogra-
phie manuscrite que nous avons déjà citée et où l’effusion de la piété
filiale compense mal l'insuffisance de documents précis. Nous y
voyons que Roslin retrouva avec joie la plupart de ses frères, ainsi
que cette vieille tante Verlniüller, dont l’affection maternelle avait
encouragé ses débuts; qu’il vécut dans l’intimité des princes et en
particulier du duc de Sudermanie ; que, en 1755, il passa à Moscou,
appelé par la grande Catherine, dont il fit le portrait ainsi que celui
du grand-duc Paul et du prince Galitzin, et que, pendant le séjour
de deux ans qu’il fit en Russie, la cour « ne lui laissa pas le temps de
respirer ». Partout ce ne sont que des fêtes princières où on le prie,
attentions dont on le comble, sans compter des témoignages plus
positifs de satisfaction : boites d’or, diamants de prix, etc. Notre
peintre cependant a hâte de revoir les siens. En 1777, il quitte la
Russie pour rentrer en France, en passant par Varsovie et Vienne.
Là, nouvelles fêtes en l’honneur du portraitiste à la mode. Le comte
de Kaunitz le reçoit dans son intimité. Le prince Lischteina (?) se
fait peindre par lui et fait frapper des monnaies d’or pour récom-
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un somptueux costume de soie rose garni de dentelles. C’est une
brune, à l’œil noir et vif, qui semble dans tout l’éclat de sa jeunesse.
M. Roslin possède également une charmante miniature, qui pourrait
bien être de Hall, ami et compatriote de Roslin, et qui donne de
Suzanne Giroust la même impression. Assurément, ce n'est pas une
beauté, au sens absolu du mot ; c’est tout au moins une fort agréable
personne, et l’on conçoit que le quadragénaire qu’était Roslin quand
il l’épousa, en ait été très vivement épris.
De cette union étaient nés plusieurs enfants. 1ms charges qu’ils
apportèrent dans la maison furent pour l’activité de Roslin un nou-
veau stimulant. Le chagrin même de son veuvage ne put refroidir
cette ardeur, et, au Salon de 1773, il exposa une longue suite de por-
traits, parmi lesquels figuraient ceux du roi de Suède et de son frère
le duc d’Ostrogothic. Celte commande montre en quelle estime on
gênait, en Suède, le talent du peintre. Depuis longtemps déjà, de
brillantes propositions lui avaient été faites pour le décider à se
lixer dans sa patrie; sur de nouvelles instances du roi, il se décida
à quitter pour quelques années la France, et commença, par la Suède,
un voyage auprès des cours (lu Nord qui ne devait pas durer moins
de quatre ans.
Nous n’avons malheureusement pu trouver, au sujet de ce
voyage, aucun renseignement dans les mémoires du temps, et nous
sommes, pour cette période de la vie de Roslin, réduits à la biogra-
phie manuscrite que nous avons déjà citée et où l’effusion de la piété
filiale compense mal l'insuffisance de documents précis. Nous y
voyons que Roslin retrouva avec joie la plupart de ses frères, ainsi
que cette vieille tante Verlniüller, dont l’affection maternelle avait
encouragé ses débuts; qu’il vécut dans l’intimité des princes et en
particulier du duc de Sudermanie ; que, en 1755, il passa à Moscou,
appelé par la grande Catherine, dont il fit le portrait ainsi que celui
du grand-duc Paul et du prince Galitzin, et que, pendant le séjour
de deux ans qu’il fit en Russie, la cour « ne lui laissa pas le temps de
respirer ». Partout ce ne sont que des fêtes princières où on le prie,
attentions dont on le comble, sans compter des témoignages plus
positifs de satisfaction : boites d’or, diamants de prix, etc. Notre
peintre cependant a hâte de revoir les siens. En 1777, il quitte la
Russie pour rentrer en France, en passant par Varsovie et Vienne.
Là, nouvelles fêtes en l’honneur du portraitiste à la mode. Le comte
de Kaunitz le reçoit dans son intimité. Le prince Lischteina (?) se
fait peindre par lui et fait frapper des monnaies d’or pour récom-