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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les influences classiques et le renouvellement de l'art dans les Flandres au XVe siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0317

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300

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

science du dessin. Et cependant, ici encore, rien qui ait préparé la
révolution que les van Eyck ont eu la gloire d’opérer !

Il est cependant des miniatures antérieures aux van Eyck (du
moins à ce qu’affirment les archéologues les plus autorisés), qui res-
pirent le plus frais, le plus généreux naturalisme. Qui n’a présents à
la mémoire les Travaux des Mois, peints en tête du fameux Livre
d’Heures du duc de Berry, le joyau de la bibliothèque de Chantilly?
Leur date semble facile à fixer : le duc de Berry étant mort en 1416,
le commencement du volume,, je veux dire le calendrier placé en
tête, précède forcément la disparition de ce Mécène ; forcément aussi,
l’auteur de ces chefs-d’œuvre, Fol de Limbourg, à ce que l’on croit,
précède les deux glorieux fondateurs de l’école de Bruges.

Eh bien ! malgré toutes les apparences, je ne puis me faire à
l'idée que, dès 1416 au plus tard, un simple miniaturiste ait peint
avec une telle liberté et une telle sûreté. Avoir créé, dès 1416,
l’incomparable scène de la Fenaison ou des Semailles, avoir rendu
dès lors la forme humaine et le paysage avec une telle vivacité
et une telle indépendance, mais c’est plus fort que d’avoir peint,
de 1422 à 1430 environ, le retable de l’église Saint-Bavon! L’homme
de génie, à ce compte, ce serait l’obscur Pol de Limbourg, non plus
l’illustre Hubert van Eyck.

Si des miniatures nous passons aux tapisseries, cette autre
forme, si populaire, de la peinture flamande, l’embarras n’est pas
moindre. Prenez la tenture de la cathédrale d’Angers, les Scènes
de rApocalypse, commencée en 1376 par Je tapissier Nicolas Bataille
de Paris, d’après les cartons du peintre flamand Jean de Bandol :
vous y constaterez — et ici M. de Champeaux me permettra de ne
point partager sa manière de voir —- une pauvreté et une vulgarité
faites pour défier toute analyse. Dessin veule ou brutal, coloris
terne et terreux, attitudes disloquées, manquant de dignité, expres-
sions sans force, types tour à tour rudes ou atrophiés : autant de
traits propres à nous apprendre que, si Jean de Bandol a rompu avec
le style si fier et si noble du moyen âge, il n’a pas encore réussi à
se familiariser avec le style nouveau, le style réaliste. Bien de com-
mun entre lui et les van Eyck.

Etendons maintenant nos recherches à la gravure et examinons
le Saint Christophe de 1423, la première gravure sur bois à date cer-
taine. Elle nous révèle des abîmes d'ignorance et de grossièreté ! Le
saint n’enfonce dans l’eau que jusqu’à la cheville : il ne risque donc
pas de se noyer. Dès lors, où réside son mérite? Cette eau même,
 
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