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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
forment les salles de verdure, de manière à ce que les allées ame-
nassent à chaque instant les promeneurs en face des entrées laté-
rales des porches.
Ce chapitre de l’histoire des Salons, en dehors de son petit inté-
rêt de curiosité anecdotique, n’est donc point sans quelque attrait
artistique, puisqu’il nous présente tout un ensemble d’aménagement
architectural, conçu avec beaucoup de logique et aussi beaucoup de
goût. Car le rôle de la décoration n’a pas, non plus, été sacrifié.
Ce grand jardin de la sculpture est donc entouré tout de son long
par des cloisons hautes d’environ 7 à 8 mètres, qui enferment les
collections de peinture. La nudité de cette vaste ligne de parois uni-
formes est rompue dans l’exposition des Artistes français par l’élé-
ment ordinaire et toujours merveilleux qui forme comme le décor
naturel de la sculpture, c’est-à-dire cette série admirable de nos
tapisseries des Gohelins, que l'Etat eut l’heureuse idée de sortir pour
la première fois dans les derniers Salons qu’il organisa, en 1880 et
en 1883, et qui, dans notre pauvre musée du Luxembourg, si entassé,
trompent encore, par leur sobre richesse, en faisant si discrètement
valoir les marbres, sur l’étroitesse et l’encombrement du local. Les
travées des façades de la Société Nationale ont reçu une ornemen-
tation de guirlandes très élégante peinte en camaïeu, sur les dessins
de M. Dubufe.
Seuls les six porches et le buffet-restaurant ont reçu une déco-
ration proprement architecturale, qui sert à les désigner au public et
en même temps à couper heureusement l’ornementation des tapisse-
ries. Ces porches sont formés d’un décor d arcades comprises entre
des pilastres d’ordre dorique romain; une large corniche règne tout
du long, supportant des vases décoratifs et couronnée d’un fronton
au centre.
L’architecture en est simple, tranquille, comme il convient
à un décor qui veut rester à son plan, sans détourner sur lui l’atten-
tion que réclament les œuvres qu’il doit encadrer, franche et ro-
buste, ainsi que l’exigent les conditions de lumière, qui sont ici
celles du plein air. Des bossages coupent les pieds des pilastres et les
archivoltes des arcades, comme dans l’architecture du xvic siècle,
et M. Loviot, se souvenant du rôle que le décor en treillages joua
jadis dans notre architecture de fêtes et de jardins, a devancé le
désir de M. Molinier, qui tente en ce moment de le réveiller, en
préparant une exposition rétrospective de ce genre pour 1900. Tous
ces bossages, tous les autres éléments de décoration dans les frises
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
forment les salles de verdure, de manière à ce que les allées ame-
nassent à chaque instant les promeneurs en face des entrées laté-
rales des porches.
Ce chapitre de l’histoire des Salons, en dehors de son petit inté-
rêt de curiosité anecdotique, n’est donc point sans quelque attrait
artistique, puisqu’il nous présente tout un ensemble d’aménagement
architectural, conçu avec beaucoup de logique et aussi beaucoup de
goût. Car le rôle de la décoration n’a pas, non plus, été sacrifié.
Ce grand jardin de la sculpture est donc entouré tout de son long
par des cloisons hautes d’environ 7 à 8 mètres, qui enferment les
collections de peinture. La nudité de cette vaste ligne de parois uni-
formes est rompue dans l’exposition des Artistes français par l’élé-
ment ordinaire et toujours merveilleux qui forme comme le décor
naturel de la sculpture, c’est-à-dire cette série admirable de nos
tapisseries des Gohelins, que l'Etat eut l’heureuse idée de sortir pour
la première fois dans les derniers Salons qu’il organisa, en 1880 et
en 1883, et qui, dans notre pauvre musée du Luxembourg, si entassé,
trompent encore, par leur sobre richesse, en faisant si discrètement
valoir les marbres, sur l’étroitesse et l’encombrement du local. Les
travées des façades de la Société Nationale ont reçu une ornemen-
tation de guirlandes très élégante peinte en camaïeu, sur les dessins
de M. Dubufe.
Seuls les six porches et le buffet-restaurant ont reçu une déco-
ration proprement architecturale, qui sert à les désigner au public et
en même temps à couper heureusement l’ornementation des tapisse-
ries. Ces porches sont formés d’un décor d arcades comprises entre
des pilastres d’ordre dorique romain; une large corniche règne tout
du long, supportant des vases décoratifs et couronnée d’un fronton
au centre.
L’architecture en est simple, tranquille, comme il convient
à un décor qui veut rester à son plan, sans détourner sur lui l’atten-
tion que réclament les œuvres qu’il doit encadrer, franche et ro-
buste, ainsi que l’exigent les conditions de lumière, qui sont ici
celles du plein air. Des bossages coupent les pieds des pilastres et les
archivoltes des arcades, comme dans l’architecture du xvic siècle,
et M. Loviot, se souvenant du rôle que le décor en treillages joua
jadis dans notre architecture de fêtes et de jardins, a devancé le
désir de M. Molinier, qui tente en ce moment de le réveiller, en
préparant une exposition rétrospective de ce genre pour 1900. Tous
ces bossages, tous les autres éléments de décoration dans les frises