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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 5
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Tourneux, Maurice: Les dessins français du Marquis de Chennevières
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0434
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

et les circonstances, un programme beaucoup plus ample. Les visi-
teurs de l’Exposition spéciale de dessins organisée en 1879 à l'Ecole
des Beaux-Arts et les lecteurs de la Gazette n’ont oublié ni la part
prise par M. de Chennevières à cette exhibition, à laquelle il avait
confié d’admirables pages de Léonard de Vinci, de Bofticelli, de
Michel-Ange, d’Albert Dürer, ni les articles pleins de verve, de
science et de saveur où, à propos de tant de merveilles, il parla de
tous ceux qui les avaient rassemblées, sauf de lui-même. Cet oubli
fut, il est vrai, réparé ici-même par M. Ch. Ephrussi, qui se chargea
de dire, au nom de tous, ce qu’il fallait penser du choix exquis dont
M. de Chennevières s’était momentanément privé, mais où, par une
originalité qui n’avait pas échappé à notre rédacteur en chef, ne
figurait pas un seul dessin français. « Ils sont trop ! » disait le grenadier
de la légende. Ils étaient non pas «trop», mais si nombreux, ces
dessins, qu’ils auraient pu à eux seuls constituer une exposition
tout entière. Elle n’a pas eu, elle ne pourra désormais avoir lieu, et
il faut le regretter à tous égards.

Pendant plus de trente ans, le musée d’Alençon a pu, du moins,
montrer aux touristes des cadres, plusieurs fois renouvelés, de dessins
prêtés par M. de Chennevières, qui avait lui-même exposé, sous forme
de lettre à M. de La Sicotière, en tête d’un catalogue sorti des presses
de Poulet-Malassis, ce qu’il avait entendu faire en initiant ses com-
patriotes « aux secrets de Part des maîtres et à l’adorable intimité de
leur génie ».

Le premier croquis acheté par un amateur, le premier objet d’art
acquis par un curieux, le premier livre conquis par un bibliophile,
sont ce que la première révélation de l’amour est pour le commun
des hommes : les circonstances s’en fixent à jamais dans leur mémoire.
C’est à la fin de son séjour à Aix que M. de Chennevières se lit céder,
par la propriétaire de son logis d’étudiant, un portefeuille bourré de
dessins et d’estampes, «et, ajoute-t-il, quand trois mois après, j’em-
portai ce portefeuille, j’emportai hélas! avec lui, comme un virus
dévorant, le commencement de ma chère manie». Ce fut bien pis
encore quand, malgré les exigences tyranniques de M. de Cailleux
envers les jeunes attachés des musées royaux, M. de Chennevières
put glaner sous les arcades de l’Institut ou dans les échoppes de la
place du Carrousel, ou lorsque, à Versailles, il mit la main sur tout
un lot de dessins de Portail, provenant d’un M. de La Tombe,
chargé de la garde-robe de Mme Elisabeth et qui avait pu connaître
l’artiste, ou lorsque le comte Nils Bark apporta de Stockholm de
 
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