Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Per. 19.1898)

FRÉMIET

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été retenu d'abord par le monde des animaux, il s’est ensuite lon-
guement complu dans la recherche des époques lointaines; tantôt
curieux des temps préhistoriques où l’homme, être intelligent sans
goût de l’art et sans désir de la science, ne sait que garder par
l’effort de son corps la place qu’il a sur la terre, tantôt s’arrêtant
avec prédilection aux temps du moyen âge, durs, beaux et grands ;
ne venant que par accident à la représentation moderne et sur-
tout dans le dernier état de son œuvre. Mais les choses du passé,
apparues dans leur milieu et expliquées par tout ce qui les entoure,

BOUQUETIN DES ALPES, DESSIN DE AI. F R É Al I E T

peuvent être considérées avec une âme d’aujourd’hui et représentées
avec le sentiment de notre époque et son mode d’esprit : étudiées
au point de vue de leur temps, elles ne sont que de la curiosité ou
de l’érudition ; étudiées au point de vue du nôtre, elles sont de la vie
et elles sont de l’art. M. Frémiet les a étudiées au point de vue du
nôtre, et en travaillant avec une pensée moderne à la représentation
des temps d’autrefois, il a produit l’œuvre moderne, qui seule pas-
sionne parce que seule elle est vraie. Et si, pour comprendre sans
imprécision l’art de ce travailleur d’élite, l’on pénètre jusqu’en l’in-
timité de son esprit, on pourra noter qu’il est un intellectuel préoc-
cupé constamment des choses réelles que son intelligence perçoit et
qui jamais n’est entraîné par la suggestion des sens ; on notera aussi
que, maître de lui-même, il est un régulier dans l’art comme dans