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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Montesquiou-Fezensac, Robert de: Les trois vernet
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

trop doux et rentrer dans le rang ceux qu’en avait indûment tirés
une faveur inéclairée ou irréfléchie. C’est donc une imprudente
réapparition que celle qui vient faire déjuger de trop hâtives renom-
mées. Mais un tel redressement est, non moins que l’autre, néces-
saire à l’équilibre de la balance ; ce n’est pas assez de couronner
les méritants si leur diadème n’est fait des rayons impudemment
attribués aux médiocres.

Il y a de ce dessillement dans celui que nous cause la réapparition,
à la surface de tant de louanges, de la trinité des Vernet, en l’hon-
neur de laquelle il n’y a plus à se signer, et que le Saint-Esprit n’a
pas visitée. Pas même sous la forme de ce frère Philippe, supérieur
vénéré des Ignorantins, dont le portrait hérita sans doute de l'estime
que le modèle inspirait-et que nos parents tinrent pour chef-d’œuvre.
Rien autre pourtant qu’en ce désagréable et superficiel miroitement
de toile cirée commun à toutes les toiles et surtout aux portraits
d’Horace Vernet la fausse bonhomie du personnage vêtu de drap
d’un noir sans beauté, la fausse édification théâtralement graduée
d’un rameau de buis, d’un crucifix, d’une statuette, la fausse sim-
plicité d’une lézarde de portant dans un mur truqué, le tout
amalgamé dans la fausse dignité d’un faux chef-d’œuvre. Que dire
des autres portraits ? Si celui de la maréchale de Castellane, née
Greffulhe, à défaut d’immortalité peut paraître assuré d’une élégante
durée, c’est à la touchante grâce du modèle qu’il le devra, sous la fine
auréole de ses frisons dorés, en l’exquise délicatesse d’un visage de
fleur dont la tige est ce buste jeune, ce corps charmant simplement
infléchi en une bien féminine attitude que le peintre sut au moins
surprendre et fixer, bien plutôt qu’à ce dernier qui le fut si peu, en
dépit de pauvres recherches de complémentaires, dans ce que le
savant et savoureux Whistler eût appelé un arrangement en rouge
et vert, et qui ne présente pas plus la riche alliance de ces deux tons
dans la Sibylle persique de van Eyck des collections Rothschild que
la criarde harmonie rouge et verte d’un devant de cabaret que Bau-
delaire avait intitulé: Douleur délicieuse. Non, rien que le rappel, par
le feuillage d’un camélia se détachant sur une tenture garance, des
carreaux de même ton d’un tartan dont s’enveloppent prosaïque-
ment les genoux de l’idéale jeune femme.

De même, exposé sous le numéro 311, le portrait de son fils ne
nous offre que l’image d’un joli garçonnet, à la moue volontaire,
hardi sous sa calotte de cheveux blonds, et tout fier d’avoir battu en
 
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