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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 2
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Momméja, Jules: La jeunesse d'Ingres, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0116

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

certes par son talent personnel ni par la portée de son enseigne-
ment, mais en lui révélant non seulement Raphaël, mais tous les
maîtres italiens de la première Renaissance. Si l’on considère atten-
tivement l’œuvre et les écrits divers d’Ingres, on est contraint de
reconnaître qu’il passa la meilleure partie de sa vie à se débarrasser
de l’enseignement de David et à le combattre, tandis qu’il resta tou-
jours fidèle à 1 'initiation italienne dont il était redevable à son pre-
mier maître.

Celui-ci, dont on n’a guère parlé en dehors de Toulouse, naquit
dans cette ville, en 1757, d’une honnête famille d’ouvriers. Dès l’àgc
de onze ans, il fut admis à suivre les leçons de l’Académie des
Beaux-Arts, où il ne tarda pas, selon l’expression consacrée, à se
faire remarquer,, car c’est dans un des concours institués par les
bienfaiteurs de cet établissement qu’il présenta son Tombeau
d'Amyntas, œuvre remarquable, incroyable même de la part d’un
tout jeune homme, comme on l’a dit avec raison, conçue avec une
distinction, une sobriété, une entente de la composition qui la
feraient bien plutôt attribuer à un disciple attardé de Poussin qu’à
un élève direct du chevalier Jean-Pierre lîivalz. Vers 1780, il se
rendit à Rome, où il se lia avec Vien et David; ce dernier contribua
plus tard à lui faire obtenir une pension des capitouls de Toulouse
pour lui permettre de continuer ses études en Italie. Il n’y fit guère
de tableaux, mais y exécuta beaucoup de copies d’après les grands
maîtres de la Renaissance, et Ingres a souvent redit que c’est devant
ces copies qu’il fut converti à ce qu’il appelait la religion de Ra-
phaël. Après son retour de Rome, il séjourna plusieurs années à la
tête de l’école des Beaux-Arts de Montpellier, puis rentra à Tou-
louse, où il mourut de vieillesse en 1847. Il était correspondant de
l’Institut, où il fut admis grâce à l’influence de son ancien élève, en
1833.

Joseph Roques fut un homme doux, modeste et bon, un excel-
lent professeur vivant au mieux avec ses élèves, d’un talent réel,
mais d’un talent impersonnel et ondoyant. 11 ne posséda jamais une
manière personnelle, mais en revanche il adopta successivement, et
sans s’en rendre bien compte sans doute, la manière de chacun des
artistes dont il étudia les œuvres ou qu’il eut pour amis. Il pasticha
réellement tous les sujets de son admiration inconstante et passa-
gère. Son Marat dans sa baignoire est proche parent de celui de Louis
David, tandis que son Paralytique pourrait fort bien passer pour un
Greuze médiocre ; son Histoire de la Vierge est conçue et traitée
 
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