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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 3
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Müntz, Eugène: À propos de Botticelli
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0212

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18G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Comme première preuve, nous avons les analogies entre la
Vierge au Magnificat, des Offices, le chef-d’œuvre de Botticclli, et
l’étude pour une tête de Vierge conservée à la bibliothèque du châ-
teau de Windsor. J’ai publié ces deux morceaux, en regard l’un de
l’autre, dans YArchivio storico dell’ Arte de 1897. La ressemblance
est tellement saisissante que je me suis demandé un instant si le
dessin ne serait pas, lui aussi, l’œuvre de Botticelli. Mais, outre que
tous les juges, jusques et y compris M. Miiller-Walde, sont d’accord
pour le revendiquer en faveur de Léonard, il offre au souverain
degré le mélange d'ampleur et de morbidesse propre au Vinci. 11
n’est pas jusqu’à l’arrangement du voile enroulé dans les cheveux
qui ne se retrouve dans les deux figures ; sauf que, chez Léonard, ce
motif est à droite, chez Botticelli à gauche.

L’on admet (Ulmann, etc.) que la Vierge au Magnificat a pris
naissance après l’achèvement des fresques de la Sixtine et avant
l’année 1490. Il reste donc une belle marge pour établir l’antériorité
du dessin de Léonard.

En examinant, dans la Nativité de la National Gallery, l’attitude
de l’Enfant Jésus couché à terre sur le dos, les jambes en l’air, un
bras levé vers la Vierge, l’on ne peut s’empêcher d’opposer le naturel
et la liberté de cette pose à la lourdeur ou à la gaucherie de tous les
autres Enfant Jésus peints par Botticelli1. Et de fait, ainsi que je Lai
montré dans VArchivio storico dell’ Arte de 1897, le bambino de
Botticelli procède dn dessin de Léonard conservé à Windsor (Müller-
Walde, p. 105). Un motif analogue reparaît dans un dessin de Léonard
faisant partie de la collection de Bonnat (Müller-Walde, p. 121).
Ainsi s’explique comment Raphaël, à son tour, s’en est inspiré dans
la Madone de Loretle.

La Vierge de Botticelli, agenouillée et se montrant de profil,
offre aussi un type léonardesque des plus accusés , la figure est
plus pleine, plus suave, plus toute d’un jet que dans les autres
tableaux du maître.

Par contre, Ulmann (p. 64) s’est fourvoyé en rapprochant la
première Adoration des Mages de Botticelli de celle de Léonard. Les
deux compositions diffèrent du tout au tout. Nul élan chez Botti-

1. Le même type de Vierge, dans une attitude presque identique, avec l’En-
fant Jésus couché à terre et levant un bras, se retrouve dans un tableau de
Piero di Cosimo, au musée de Berlin.
 
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