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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

DOI issue:
Nr. 3
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Momméja, Jules: La jeunesse d'Ingres, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0216

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des leçons de Maillot et de ses figures pour les Recherches sur les
costumes des peuples anciens. Tous ces dessins ont été primitive-
ment tracés à la suite l'un de l’autre sur les pages d’un album d’où
ils ont été plus tard détachés, découpés et groupés sur de grandes
feuilles de papier gris. C’est là, dès le début, Ingres amateur, peut-
être exagéré, du document authentique et précis, Ingres archéo-
logue, pourrait-on dire, tel que le consciencieux maître le fut toute
sa vie.

Ce qui n’est pas moins caractéristique, c’est de trouver, à côté de
ce petit recueil d’antiquités, une suite de croquis représentant des
stalles gothiques, un autel du xme siècle, et diverses copies d’estam-
pes d’après Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci et Corrège. Par
contre, pas le moindre croqueton d’après les maîtres français du
xvm° siècle : Ingres devait les étudier un jour, mais ce fut bien plus
tard ; en attendant, il s’amusait à reproduire des types toulousains
modernes, même à esquisser de petites scènes de genre, comme celle
où l’on voit un jeune homme debout près d’une demoiselle assise,
lisant une lettre qu’ils tiennent chacun d’un côté ; comme encore
celle où deux jeunes filles chantent en s’accompagnant au piano.
Notons enfin que ce même album contenait de courtes indications
manuscrites sur certains sujets de l’histoire de France qui préoccu-
pèrent plus tard vivement l’artiste : scènes de la vie de Henri IV,
exploits de Du Guesclin, etc. Nous avons indiqué tout le contenu de
ce portefeuille pour qu’on ne nous accuse pas d’avoir soigneusement
trié les documents favorables à notre thèse en laissant les autres
dans l’ombre. Sans doute, Ingres avait exécuté un bien plus grand
nombre de dessins de son arrivée à Toulouse jusqu’à son départ
pour Paris ; lui-même il avait fait un choix; mais, s’il a trouvé dans
ces œuvres d’extrême jeunesse des essais et des documents suscep-
tibles de l’intéresser dans son âge mûr, c’est que, lorsqu’il les exé-
cuta, il avait déjà en germe les tendances particulières, les aspirations
personnelles qu’il devait développer si magnifiquement plus tard.

Dans les fragments d’une conversation — nous dirions aujour-
d’hui une interview — rapportés par Théophile Silvestre, Ingres,
racontant comment Raphaël lui fut révélé dans l’atelier de Roques,
déclare qu’il est toujours resté « ce que le petit Ingres était à douze
ans ». Cette immutabilité est encore confirmée par Delécluse, qui
déclare que tout ce qui devait plus tard caractériser le talent de cet
homme « mis au monde comme on coule une statue de bronze »,
finesse du contour, sentiment vrai et profond de la forme, modelé
 
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