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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ment toutes les parties. On peut toujours tenter sans de trop grandes
chances d’erreur, de donner un aperçu de ses préoccupations dans ce
temps de formation,en s’en tenant aux premières pages du cahier n° 9,
et en ne consultant que le recto des premières feuilles— de celles
dont le filigrane est antérieur à l’Empire, — enfin, en ne retenant
que les passages de premier jet,
écrits dès le début, de la môme
écriture régulière, fine au point de
fatiguer les meilleurs yeux, et qui est
allée toujours se déformant et gros-
sissant avec l’âge. Certes, tous ces
caractères sont loin de fournir un
critérium absolu ; en dépit des asser-
tions des experts en écriture, rien
est moins certain que ces attributions
où le sentiment et l’impression per-
sonnelle du lecteur sont trop souvent
écoutés à l’égal de faits positifs ; mais,
nous le répétons, on ne saurait guère
se tromper en affirmant qu’Ingres
n’a écrit aucune des lignes que nous
allons citer après 1806.
En commençant ce cahier 1 le
jeune artiste inscrit sur la première
page un titre général : Sujets de 'pein-
ture d’histoire moderne indiquant
l’objet spécial de ses préoccupations
au moment où il l’entreprit, et le dif-
férençiant nettement des cahiers con-
sacrés aux sujets antiques et à la vie
de Raphaël. Au-dessous de ce titre, il
inscrivit l’épigraphe suivante empruntée à Félibien : « Le goût.
(chaque artiste a le sien, et malheureusement pour l’art, le bon est
dans l’esprit de bien peu) est une disposition de l’esprit qui, selon la
force et la netteté de ses pensées, regarde les choses d’une telle
manière qu’il en voit toujours le plus beau et donne un tour
agréable à ce qu’il veut faire. » C’est une sorte de légitimation
déguisée des sujets de peintures énumérés dans ce cahier et que la
Cliché A. Bouïs.
ÉTUDE POUR LA «NAISSANCE DE RAPIIAEL
ENTRE LES GRACES». — DESSIN D’iNGRES
(Musée de Monlauban.) %
1. Nous avons déjà décrit sommairement ce cahier au Congrès des Sociétés des
Beaux-Arts. Volume de 1896, p. 341 et suivantes.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ment toutes les parties. On peut toujours tenter sans de trop grandes
chances d’erreur, de donner un aperçu de ses préoccupations dans ce
temps de formation,en s’en tenant aux premières pages du cahier n° 9,
et en ne consultant que le recto des premières feuilles— de celles
dont le filigrane est antérieur à l’Empire, — enfin, en ne retenant
que les passages de premier jet,
écrits dès le début, de la môme
écriture régulière, fine au point de
fatiguer les meilleurs yeux, et qui est
allée toujours se déformant et gros-
sissant avec l’âge. Certes, tous ces
caractères sont loin de fournir un
critérium absolu ; en dépit des asser-
tions des experts en écriture, rien
est moins certain que ces attributions
où le sentiment et l’impression per-
sonnelle du lecteur sont trop souvent
écoutés à l’égal de faits positifs ; mais,
nous le répétons, on ne saurait guère
se tromper en affirmant qu’Ingres
n’a écrit aucune des lignes que nous
allons citer après 1806.
En commençant ce cahier 1 le
jeune artiste inscrit sur la première
page un titre général : Sujets de 'pein-
ture d’histoire moderne indiquant
l’objet spécial de ses préoccupations
au moment où il l’entreprit, et le dif-
férençiant nettement des cahiers con-
sacrés aux sujets antiques et à la vie
de Raphaël. Au-dessous de ce titre, il
inscrivit l’épigraphe suivante empruntée à Félibien : « Le goût.
(chaque artiste a le sien, et malheureusement pour l’art, le bon est
dans l’esprit de bien peu) est une disposition de l’esprit qui, selon la
force et la netteté de ses pensées, regarde les choses d’une telle
manière qu’il en voit toujours le plus beau et donne un tour
agréable à ce qu’il veut faire. » C’est une sorte de légitimation
déguisée des sujets de peintures énumérés dans ce cahier et que la
Cliché A. Bouïs.
ÉTUDE POUR LA «NAISSANCE DE RAPIIAEL
ENTRE LES GRACES». — DESSIN D’iNGRES
(Musée de Monlauban.) %
1. Nous avons déjà décrit sommairement ce cahier au Congrès des Sociétés des
Beaux-Arts. Volume de 1896, p. 341 et suivantes.