Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Cagnat, René: La résurrection d'une ville antique, [1]: Timgad
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0246

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
218

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

condamna la partie de la petite cour qui longeait la face septen-
trionale du temple et on y établit une salle soigneusement dallée et
décorée d’élégantes colonnes cannelées.

Gomme ailleurs, le forum était peuplé d’un monde de statues. On
en avait placé partout, sous les portiques, sur les escaliers, dans tous
les coins demeurés libres, surtout dans la cour intérieure. Là, on les
avait semées à profusion. Devant la basilique et sur la face méridio-
nale, de grandes bases, encore debout, supportaient des représenta-
tions d’empereurs à pied, à cheval ou dans des chars de triomphateurs.
Au milieu de la série des souverains se voyait le satyre Marsyas, une
outre sur l’épaule et la main droite levée, suivant le type tradition-
nel : les colonies romaines de droit italique ne manquaient jamais
d’orner leur place publique d’une image de Marsyas, comme indice
de leurs franchises municipales et en souvenir de celle qui figurait à
Rome sur le forum. Ailleurs, près de la tribune aux harangues et
sur la face septentrionale, on avait réuni les statues des grands per-
sonnages, bienfaiteurs ou fils de la cité, fonctionnaires civils et
militaires. L’un d’eux était, de plus, grammairien; il se nommait
Pomponianus et ne manquait pas de célébrité à son époque. Pour lui
faire honneur, si ce n’est môme sous son inspiration, on grava sous
sa statue une dédicace, dont la simplicité n’est pas précisément la
qualité dominante : «A Flavius Pomponianus », y est-il dit, «homme
de rang sénatorial, dont la bienveillance s’est abondamment exercée
envers sa patrie et scs concitoyens, homme éprouvé dans les exer-
cices militaires, l’honneur des lettres grecques et latines, qui sait
unir la faconde attique à l’éclat romain, le conseil municipal de
Timgad, habitant le voisinage d’une source, à son patron, source lui-
même, dont l’éloquence est un ruisseau toujours coulant.-»

C’est au milieu de ces édifices, de ces portiques, de ces images
de leurs empereurs et de leurs concitoyens, que les Romains de Tim-
gad passaient une bonne partie de leur journée. On aime à se les
représenter ainsi, répandus sous les colonnades et assiégeant les bou-
tiques des vendeurs ou le tribunal des juges; attendant la lin d’un
conseil de leurs décurions, ou écoutant une communication officielle,
lue du haut de la tribune; discutant bruyamment de leurs affaires
avec de grands gestes, ou assis par groupes dans les coins de la place,
pour échanger les nouvelles du jour. On voudrait pouvoir assister à
leurs conversations, surprendre leurs confidences, et savoir si, tout
occupés qu’ils étaient par les mille événements journaliers qui les
touchaient de plus près, ils aimaient véritablement, autant que leur
 
Annotationen