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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
lettre qu’écrivit plus tard Merchi à Ferdinand YII et que nous repro-
duisons plus loin, brisé par les insurgés ou volé lors des révolu-
tions et des invasions qui ensanglantèrent l’Espagne au commen-
cement do ce siècle? Si ce buste, ou quelque autre de ceux des
autres membres de la famille royale, existe encore, comme l’écrivit
Merchi lui-même, nous serions heureux que, posée ici par nous,
cette question pût être résolue par un de nos lecteurs.
Merchi resta environ sept ans à Madrid, où il devint père d'une
troisième hile, Marie-Caroline, née le 21 novembre 1801. Néanmoins,
il ressentit peu après le contre-coup des infortunes de son royal
protecteur. C’est ce que nous apprend son petit-fils, notre ami regretté
M. Gaëtan Recours, dans la trop courte notice biographique sur son
grand-père qu’il a bien voulu rédiger autrefois pour nous, lors-
qu’il écrit : « A la suite des révolutions espagnoles, qui enlevèrent à
la famille de ma mère la petite fortune que l’économie de mon
grand-père avait ramassée, la famille Merchi se vit encore forcée de
replier sa tente et de quitter Madrid pour se retirer à Bilbao. » Ce
ne fut pas toutefois après l’abdication forcée de Charles IV en 1808,
mais quelque temps avant, puisque dans cette dernière ville naquit,
le 5 août 1805, son quatrième et dernier enfant, un fils cette fois, qui
reçut les prénoms de Pierre-Gaëtan.
D’abord pensionné par Charles IV, tant que ce prince resta sur
le trône d’Espagne, Merchi put vivre dans une honnête aisance, grâce
aussi à son talent de sculpteur, universellement apprécié. La chute
définitive de ce monarque, l’occupation temporaire par Joseph
Bonaparte, les guerres qui désolèrent la péninsule jusqu’en 1814
n’étaient pas faites pour améliorer son sort. Après un séjour
de sept ans à Bilbao, Merchi fut encore forcé de quitter un pays qui
ne lui offrait plus ni avantage, ni sécurité, et il rentra en France
avec toute sa famille, d’abord pour demeurer à Bayonne, qu’il habita
seulement dix mois, dans la rue de la Poissonnerie (1812-1813), puis
pour se fixer à Agen, où il arriva en cette année 1813 et qu’il ne
devait plus quitter.
Aucun de ses descendants n’a pu nous dire quelles raisons dé-
terminèrent Merchi à choisir cette ville comme dernière résidence.
Toujours est-il que l’aimable artiste se plut fort sur les bords de la
Garonne, qu’il y fut apprécié, et que la riche bourgeoisie agenaise
s’empressa de l’admettre, lui et ses filles, dans sa société. Merchi, de
son côté, ne voulut point demeurer en reste avec elle et, pour la
remercier de sa généreuse hospitalité, il se complut à modeler les
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lettre qu’écrivit plus tard Merchi à Ferdinand YII et que nous repro-
duisons plus loin, brisé par les insurgés ou volé lors des révolu-
tions et des invasions qui ensanglantèrent l’Espagne au commen-
cement do ce siècle? Si ce buste, ou quelque autre de ceux des
autres membres de la famille royale, existe encore, comme l’écrivit
Merchi lui-même, nous serions heureux que, posée ici par nous,
cette question pût être résolue par un de nos lecteurs.
Merchi resta environ sept ans à Madrid, où il devint père d'une
troisième hile, Marie-Caroline, née le 21 novembre 1801. Néanmoins,
il ressentit peu après le contre-coup des infortunes de son royal
protecteur. C’est ce que nous apprend son petit-fils, notre ami regretté
M. Gaëtan Recours, dans la trop courte notice biographique sur son
grand-père qu’il a bien voulu rédiger autrefois pour nous, lors-
qu’il écrit : « A la suite des révolutions espagnoles, qui enlevèrent à
la famille de ma mère la petite fortune que l’économie de mon
grand-père avait ramassée, la famille Merchi se vit encore forcée de
replier sa tente et de quitter Madrid pour se retirer à Bilbao. » Ce
ne fut pas toutefois après l’abdication forcée de Charles IV en 1808,
mais quelque temps avant, puisque dans cette dernière ville naquit,
le 5 août 1805, son quatrième et dernier enfant, un fils cette fois, qui
reçut les prénoms de Pierre-Gaëtan.
D’abord pensionné par Charles IV, tant que ce prince resta sur
le trône d’Espagne, Merchi put vivre dans une honnête aisance, grâce
aussi à son talent de sculpteur, universellement apprécié. La chute
définitive de ce monarque, l’occupation temporaire par Joseph
Bonaparte, les guerres qui désolèrent la péninsule jusqu’en 1814
n’étaient pas faites pour améliorer son sort. Après un séjour
de sept ans à Bilbao, Merchi fut encore forcé de quitter un pays qui
ne lui offrait plus ni avantage, ni sécurité, et il rentra en France
avec toute sa famille, d’abord pour demeurer à Bayonne, qu’il habita
seulement dix mois, dans la rue de la Poissonnerie (1812-1813), puis
pour se fixer à Agen, où il arriva en cette année 1813 et qu’il ne
devait plus quitter.
Aucun de ses descendants n’a pu nous dire quelles raisons dé-
terminèrent Merchi à choisir cette ville comme dernière résidence.
Toujours est-il que l’aimable artiste se plut fort sur les bords de la
Garonne, qu’il y fut apprécié, et que la riche bourgeoisie agenaise
s’empressa de l’admettre, lui et ses filles, dans sa société. Merchi, de
son côté, ne voulut point demeurer en reste avec elle et, pour la
remercier de sa généreuse hospitalité, il se complut à modeler les