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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 5
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Puvis de Chavannes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0392

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354

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Ce fut un créateur à l’égal des très hauts artistes du passé. 11
ouvrit à l’Art des voies nouvelles et fleuries d’une poésie inconnue.
Un monde est sorti de son cerveau, éclosion de beauté bienfaisante
et féconde, où le rêve des esprits réfléchis a trouvé, sous l’enve-
loppe d’une plastique indiciblement émue, son expression la plus
sereine et la plus consolatrice. Pour la peinture, qui avait de si
étroites fenêtres ouvertes sur la libre nature et sur l’idéal, il fut, à
lui seul et par ses propres dons, une Renaissance.

Il a vraiment refait de la peinture murale le premier des arts
majeurs. Mais l’art tendre et majestueux qu'il appliqua à la décora-
tion des monuments de France est à la portée d’un peuple entier; il
a l’ampleur d'un enseignement civique ; il parle aux foules meme
le langage mystérieux des formes, avec la spontanéité, la limpi-
dité et l’élégance qui restent l’apanage des gloires de notre pays.

Nous avons beaucoup aimé Puvis de Chavannes et ce recueil a
toujours inscrit son nom avec un respect absolu. Nous avons défendu
jadis, contre des attaques passagères, la magnifique méthode de son
style, l'abandon souverain et l’autorité de son dessin, la douceur
impérative de son coloris ; nous reviendrons bientôt à nouveau, et
non pour une fois, sur ses vastes travaux d’Amiens, de Poitiers, de
Marseille, de Lyon, de Rouen, sur ceux qui sont dispersés plus loin
aussi. Paris, dirons-nous alors, conserve peut-être la plus riche part
de cet énorme labeur; mais il faudra chercher jusqu’outre-mer un
des rameaux de la couronne...

Aujourd’hui, nous rendons hommage au grave caractère dont
l’envergure ne se laissait pas mesurer par tous, dont le désintéres-
sement dédaigna les honneurs qu’on sollicite; nous pleurons l’ami
sans reproche dont la vie fut si profondément empreinte de dignité
native et de délicate simplicité.

Que les parfums de sa mémoire flottent en ces ombres virgi-
liennes, en ces horizons d’âge d’or où habita sa pensée.

Qu’il repose dans le rayonnement de son œuvre, parfaite et
bonne.

U GAZETTE DES BEAUX-ARTS
 
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