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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 5
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Michel, Émile: L' exposition Rembrandt à Amsterdam, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0405

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L’EXPOSITION REMBRANDT A AMSTERDAM

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de les traiter, comme s’il sentait en même temps le besoin de ne
jamais perdre pied et de renouveler ses moyens d’expression, il ne
manquera jamais de demander à l’étude consciencieuse de la nature
ces consultations immédiates auxquelles l’habileté de sa facture
prête d’ailleurs un si grand charme. Sans parler de ses portraits ou
des études désintéressées qu'il fait d’après les modèles qui l’entou-
rent et d’après lui-même, tantôt ce sont des Paons morts (vers
1640, n° 49) ; tantôt le Butor de la galerie de Dresde (1639), ou ce
Bœuf ouvert, dont nous possédons au Louvre le meilleur exemplaire
(1655), et dont l’Exposition d’Amsterdam nous montre deux va-
riantes (1639 et vers 1650, nos 43 et 761). Les objets les plus insi-
gnifiants lui suffisent et l’on sait avec quelle scrupuleuse exactitude
et quelle finesse il a reproduit dans ses eaux-fortes une Coquille
(1650), ou ce Cochon (1643) dont il avait, au préalable, dessiné à la
plume la sincère étude qui appartient à M. Léon Bonnat.

Nulle part cette progression vers la simplicité n’apparaît d’une
manière plus évidente chez Rembrandt que dans ses paysages. A ses
débuts, en effet, il s’y montre esclave soumis des traditions acadé-
miques, entassant dans ses compositions les accidents les plus
étranges et les plus disparates. Entouré comme il est de plaines aux
horizons infinis, ce casanier rêve de contrées exotiques qu’il n’a
jamais vues, qu’il ne verra jamais, et il accumule les unes sur les
autres des montagnes enchevêtrées, des eaux qui s’épandent en
cascades parmi des rochers aux formes insolites, sans plus de souci
de l’équilibre que de la vraisemblance. Ces anomalies, qui s’étalent
dans le Paysage montagneux de l’Exposition d’Amsterdam (vers
1638, n° 41), dont les arbres empanachés ressemblent à des efllo-
rescences de coraux, nous les retrouvons, mais un peu moins cho-
quantes, dans un petit panneau appartenant à lord Northbrook
(vers 1640, n° 50) et dans lequel, avec une donnée plus modeste
et plus vraie, l’artiste s’est surtout appliqué à rendre la campagne
vivement éclairée par le soleil sous un ciel assombri. Mais la
plupart des paysages de Rembrandt, et même quelques-unes de
ses meilleures œuvres en ce genre, comme la Contrée montagneuse
de la collection Wallace, et même la Ruine, du musée de Gassel
(vers 1640 et 1650), appartiennent au domaine de la fantaisie. Tandis
que, la palette à la main, il s’abandonne ainsi à toute l’exubérance
de son imagination, ses eaux-fortes et ses dessins de paysages offrent

\. A raison de sa sécheresse, cette dernière, qui d’ailleurs est une repro-
duction exacte de la précédente, nous paraît un peu douteuse.
 
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