496
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Madone qui l’accompagne est attribuée à Angelo Pucci, le dessina-
teur ayant lu au bas du rideau :
ATENPVS . DNS . ANGNOLVS PVCCIVS . PINXIT . HOC OPVS
inscription dont la forme des lettres, qui sont de hauteur différente,
décèle la falsification assez maladroite et où sans aucun doute le titre
de Dominus, donné à Angelo Pucci, désigne non pas le peintre, mais
le donateur. Mais au-dessous se lit, en caractères plus gros encore, la
date :
AN N O DNI . M.CCCLX ADI X DÆ>RILE
ainsi donc, le 10 avril 1360, et non 1350 comme le catalogue, se
basant sur la forme différente des x, l’indique ; et même cette date
me paraît encore trop ancienne et nous croirions volontiers que cet r.
est un reste d’une ancienne inscription ou a été à dessein formé d’un
quatrième c. Le caractère de l’ensemble répond, comme la riche
composition de la planche 7, à l’époque de transition du trecento au
quattrocento et suppose déjà l’influence libératrice d’un maître
tel que fut Andrea Orcagna au milieu du xive siècle.
Dans le même cas se trouve la Vierge au chardonneret de la
planche 6, qui est également attribuée à Guido da Siena1. Déjà la
décoration du trône, d’un style gothique avancé, avec ses pinacles
sur le dossier et les côtés du siège, qui profilent en perspective leurs
ouvertures et leurs colonnettes ouvragées, permet, de même que le
sujet où l’on voit un oiseau volant au bout d’un ruban pour amuser
l’Enfant Jésus, de reconnaître que nous avons affaire à un peintre qui
unit en quelque sorte les tendances de l’art florentin après Giotto et
celles de l’art siennois après Lippo Memmi. L’exécution soigneuse
du visage et des vêtements aqtorise même, sans l’aide des couleurs,
à pousser plus loin l’identification. Nous nous trouvons ici, en
effet, dans le voisinage immédiat d’Andrea Orcagna, et, sinon en
sa présence même, du moins en présence d’un de ses émules, tel que
Bernardo da Firenze, que Milanesi identifie avec Bernardo Daddi en
lui attribuant également la Madone qui orne le célèbre tabernacle
d’Orcagna à Or San Michèle.
Cette conjecture devient une complète certitude si on compare
le tableau à un autre de la galerie d’Altenburg, qui ne possède pas
moins de trois ouvrages de cette même main. Le plus parent de la
1. Une dernière œuvre attribuée à Guido da Siena (pl. 8) appartient déjà
au commencement du xve siècle, au même maître florentin qui a peint le n° 4
des Offices (phot. Alinari 989) et le n° 27 d’Altenburg.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Madone qui l’accompagne est attribuée à Angelo Pucci, le dessina-
teur ayant lu au bas du rideau :
ATENPVS . DNS . ANGNOLVS PVCCIVS . PINXIT . HOC OPVS
inscription dont la forme des lettres, qui sont de hauteur différente,
décèle la falsification assez maladroite et où sans aucun doute le titre
de Dominus, donné à Angelo Pucci, désigne non pas le peintre, mais
le donateur. Mais au-dessous se lit, en caractères plus gros encore, la
date :
AN N O DNI . M.CCCLX ADI X DÆ>RILE
ainsi donc, le 10 avril 1360, et non 1350 comme le catalogue, se
basant sur la forme différente des x, l’indique ; et même cette date
me paraît encore trop ancienne et nous croirions volontiers que cet r.
est un reste d’une ancienne inscription ou a été à dessein formé d’un
quatrième c. Le caractère de l’ensemble répond, comme la riche
composition de la planche 7, à l’époque de transition du trecento au
quattrocento et suppose déjà l’influence libératrice d’un maître
tel que fut Andrea Orcagna au milieu du xive siècle.
Dans le même cas se trouve la Vierge au chardonneret de la
planche 6, qui est également attribuée à Guido da Siena1. Déjà la
décoration du trône, d’un style gothique avancé, avec ses pinacles
sur le dossier et les côtés du siège, qui profilent en perspective leurs
ouvertures et leurs colonnettes ouvragées, permet, de même que le
sujet où l’on voit un oiseau volant au bout d’un ruban pour amuser
l’Enfant Jésus, de reconnaître que nous avons affaire à un peintre qui
unit en quelque sorte les tendances de l’art florentin après Giotto et
celles de l’art siennois après Lippo Memmi. L’exécution soigneuse
du visage et des vêtements aqtorise même, sans l’aide des couleurs,
à pousser plus loin l’identification. Nous nous trouvons ici, en
effet, dans le voisinage immédiat d’Andrea Orcagna, et, sinon en
sa présence même, du moins en présence d’un de ses émules, tel que
Bernardo da Firenze, que Milanesi identifie avec Bernardo Daddi en
lui attribuant également la Madone qui orne le célèbre tabernacle
d’Orcagna à Or San Michèle.
Cette conjecture devient une complète certitude si on compare
le tableau à un autre de la galerie d’Altenburg, qui ne possède pas
moins de trois ouvrages de cette même main. Le plus parent de la
1. Une dernière œuvre attribuée à Guido da Siena (pl. 8) appartient déjà
au commencement du xve siècle, au même maître florentin qui a peint le n° 4
des Offices (phot. Alinari 989) et le n° 27 d’Altenburg.