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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 6
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Molinier, Émile: Quelques ivoires résemment acquis par le Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0532

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484

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Les scènes tirées de l’Ancien Testament sont rares dans les
ivoires sculptés au moyen âge en Occident. Plus fréquentes dans les
monuments byzantins, on les retrouve parfois traitées dans des
sculptures inspirées directement de l’art grec. Tel est le cas d’un
monument célèbre entre tous, l’autel d’ivoire de la cathédrale de
Salerne, qui offre à la fois une représentation des premiers cha-
pitres de la Genèse et des principales scènes du Nouveau Testament.
Cette œuvre est la transcription, par un artiste italien du xie siècle,
de formules empruntées à l’iconographie byzantine. Malheureuse-
ment, le monument ne nous est pas parvenu intact ; il a subi à tra-
vers les siècles plus d’une injure et a dû être remonté au xvne ou
au xvm° siècle. Je suppose que c’est à ce moment qu’on lui a donné,
assez arbitrairement du reste, son aspect actuel, en s’efforçant de
rétablir un peu de symétrie dans un ensemble auquel manquaient
plusieurs pièces. Il est présumable que c’est alors qu’on aura retran-
ché de cet ensemble, probablement parce que le bas-relief destiné
à lui faire pendant n’existait plus, une plaque récemment entrée au
Louvre, absolument de même dimension que les plaques en lon-
gueur placées aux deux extrémités de l’autel d’ivoire dans son état
actuel. Pour l’identification, les dimensions ont leur intérêt, mais
la conformité du style est encore plus concluante. Remarquons
enfin — et ceci est une troisième constatation assez importante —
que la scène représentée dans le bas-relief acquis par le Louvre
manque dans un monument qui, à en juger par les compartiments
qui subsistent, devait illustrer la Genèse d’une manière assez
complète : dans la série des tableaux en ivoire, on passe sans
transition de la malédiction d’Adam et d’Eve à la construction de
l’arche de Noé.

Pour quiconque a étudié le paliotto en ivoire de Palerme, il
n’est point douteux que l’artiste italien qui l’a sculpté était soumis
à l'influence byzantine. Les scènes du Nouveau Testament sont
directement inspirées des miniatures et des sculptures grecques ;
les compositions tirées de la Genèse se retrouvent, quelques-unes
du moins, sur des coffrets byzantins. Enfin, particularité à noter,
chacun des bas-reliefs de cette dernière série comporte deux
scènes séparées par une colonnette. C’est ce qu’on observe égale-
ment sur l’ivoire du Louvre représentant Le Sacrifice d’Abel et
de Caïn, Le Meurtre d’Abel et La Malédiction de Caïn. C’est une
bonne fortune que d’avoir pu recueillir un fragment très carac-
téristique d’un monument qui marque une véritable évolution dans
 
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