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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 3
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Mély, Fernand de: Le sculpteur portugais Boytaca et l'orfèvre italien Aquabove à Belem
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0230

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LE SCULPTEUR PORTUGAIS BOYTACA

219

à le comparer an petit monument dont je m’occupais, à détailler les
rapports qui unissent ces deux monuments, il n’y avait qu’un pas.
Dans l’un et l’autre, non seulement même style, mais même économie,
même disposition, à peine modifiées par une destination cependant
si différente, et aussi mêmes détails précieux : jusqu'au pointillé des
colonnes torses de pierre, qu’on retrouve sur les fuseaux d’or de
l’ostensoir. Et ce clocheton qui surmonte l’ostensoir, n’est-il pas
identique, dans son aspect grêle, au clocheton tronqué qui surmonte
le portail du couvent ? Enfin, ne voit-on pas l’intimité qui unit cer-
tains personnages trapus, nichés dans la dentelle de pierre, sur la
droite, avec les petites statuettes agenouillées sous le portique qui
abrite le Saint Sacrement1? Mais cependant sommes-nous beaucoup
plus avancés ?

Que le portail, que l’ostensoir soient donc identiques, même
imités l’un de l’autre, voilà qui est certain ; mais qu’Aquabove ait
copié Boytaca, ou que Boytaca ait copié Aquabove, est-ce une solu-
tion ? Peut-être.

Boy-taca n’est-il pas, en espagnol, l’anagramme syllabique
d’Aqua-bove en italien 2 ?

Dès lors, l’orfèvre italien Aquabove, qui exécute en 1506 l’os-
tensoir de Belem, ne pourrait-il pas être par hasard le sculpteur
Boytaca qui reproduit, tout simplement en le développant, au portail
du couvent, le thème « tout d’ornements, de décoration, de sculpture »
d’une des pièces les pins brillantes et les plus délicates de l'orfè-
vrerie religieuse des débuts de la Renaissance ?

Les deux monuments ne nous contredisent pas. Quant aux deux
noms ?

F. DE MÉLY

1. Il faut dire que la lunette destinée à recevoir l’hostie est moderne.

2. En espagnol, boy = bœuf, taca = pique; en italien, acu [J] a ~ pointue,
bovc = bœuf. Et je croirais — mais il faudrait que des philologues italiens et
portugais botanistes voulussent bien venir à notre secours — qu’il y a là, simple-
ment, la traduction d'un nom populaire de la bugrane (l’arrête-bœufs), en patois
français le retenbœuf, scientifiquement Yononù spinosa, arbrisseau très épineux,
à fleurs papilionacées roses, poussant dans les pâturages; et, de même que nous
avons en français des Tubœuf, le nom de l’artiste qui nous occupe serait, en
italien et en portugais, Piquebœuf.
 
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