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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 4
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Benoît, Camille: Le triptyque d'Oultremont et Jan Mostaert, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0283

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268

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tard, du tableau même me conduisit plus loin dans la voie tentante
de l’hypothèse. Les généralités où je m’étais jusqu’alors et un peu à
dessein renfermé n’avaient pas encore laissé place à quelque compa-
raison tout à fait directe avec des œuvres définies. Dans le moment
dont je parle, une visite récente au musée de Bruxelles vint donner
aux choses un tour plus concret. La couleur, l’exécution, le format
de la peinture m’apportaient des éléments importants et nouveaux,
bien que secondaires en principe. Je fus donc frappé de maintes ana-
logies, d’ordre plutôt extérieur — qui m’en découvrirent ou confir-
mèrent d’autres d’ordre plus intrinsèque, fugitivement notées
d’abord, — entre ce triptyque d’Oultremont et trois panneaux parmi
les plus remarquables de la section dite « primitive », au musée de
Bruxelles.

Ces trois portraits (nos 107-108, Donateur et donatrice, en pen-
dant, et 108 A, Portrait d’homme cigé) avaient souvent et longtemps
retenu mon attention, avant que je connusse le triptyque d’Oultre-
mont. Curiosité et intérêt à part, ils exerçaient sur moi nn attrait
tout spécial. Brillants d’exécution, raffinés de détails, avec leurs
fonds de paysages et d’architectures étoffés d’animaux de luxe, de
petits personnages singulièrement distingués d’allures et d’ajuste-
ments, je les jugeais contemporains et voisins de certaines œuvres
du maître de la Mort de Marie, quoique d'une souche tout autre,
bien « hollandaise », et d’une acuité de vision et d’intellect plus per-
sonnelle... Les deux premiers tableaux venaient de la famille prin-
cière d’Arenberg, avec quarante autres « primitifs », cédés à l’Etat
belge en 1874. Le troisième avait été acquis, en 1884, de M. Léon
Gauchez, et j’en ignore pour l’instant Eorigine.

La première fois que je me trouvai en face du triptyque d’Oul-
tremont, ce sens intime qui, devant l’apparition nouvelle d’une
créature ou d’une création, s’éveille soudain en nous, comme en
dehors de notre volonté encore inerte, pour rattacher cette apparition
à quelque autre, antérieure, de la nature ou de l’art, cette faculté
presque impersonnelle dont l’activité n’attend pas notre permission,
et qui, selon les individus et les cas, s’exerce plus ou moins vite à
classer, à encadrer, à enrégimenter les objets ou les êtres inconnus,
cette faculté, donc, m’orienta aussitôt vers la cimaise bien connue
de Bruxelles, et, comme par la main, me conduisit à l’endroit
presque solitaire où les trois portraits du maître masqué propo-
saient leur captivante énigme.

Non*que je fusse encore persuadé d’une identité de main en ce
 
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