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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
les fumées d’encens y ont déposées et qui, sans doute, en ont heu-
reusement garanti la conservation séculaire.
Dans ce même temple d’Horiuji se trouvent peints, sur les revers
de deux portes, de grands bouquets de lotus fleuris du plus mer-
veilleux effet décoratif; c’est l’œuvre fameuse et authentique du
premier grand peintre japonais dont nous ayons le nom : Kanaoka.
De ce grand ancêtre la collection de M. Hayashi, à Paris, pos-
sède deux œuvres admirables, deux figures de divinités d’une idéale
sérénité. Dans la collection de M. Henri Vevcr se trouvent encore
toute une suite de peintures bouddhiques, dont l’art est profondé-
ment pénétré parles influences religieuses de l’Inde.
Mais, dans toutes ces œuvres, le caractère religieux est prédo-
minant. Il y demeure quelque chose des cérémonies rituelles et du
hiératisme que la religion imposait peut-être aux artistes de ces épo-
ques. Et, d’ailleurs, savons-nous si ces artistes n’étaient pas des
prêtres ?
Il semble, avec le portrait de Jitchin, que nous touchons à un
art plus épris de vérité. Chaque temple avait alors la coutume de
conserver les portraits de ses principaux prêtres. On les déroulait et
on les accrochait chaque année, le jour où l’on célébrait leur
mémoire.
Verrons-nous apparaître d’autres spécimens de l'art de ces épo-
ques? Il le faut souhaiter. Il serait intéressant de les étudier et d’y
chercher les origines de cet art de Tosa, qui perdit si vite cette belle
largeur d’exécution, cette sourde richesse du coloris, cette entente
décorative des détails, pour devenir un art de miniaturistes suprême-
ment adroits, mais d’exécution sèche et de maigre dessin.
G A S T O X M I G E O N
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
les fumées d’encens y ont déposées et qui, sans doute, en ont heu-
reusement garanti la conservation séculaire.
Dans ce même temple d’Horiuji se trouvent peints, sur les revers
de deux portes, de grands bouquets de lotus fleuris du plus mer-
veilleux effet décoratif; c’est l’œuvre fameuse et authentique du
premier grand peintre japonais dont nous ayons le nom : Kanaoka.
De ce grand ancêtre la collection de M. Hayashi, à Paris, pos-
sède deux œuvres admirables, deux figures de divinités d’une idéale
sérénité. Dans la collection de M. Henri Vevcr se trouvent encore
toute une suite de peintures bouddhiques, dont l’art est profondé-
ment pénétré parles influences religieuses de l’Inde.
Mais, dans toutes ces œuvres, le caractère religieux est prédo-
minant. Il y demeure quelque chose des cérémonies rituelles et du
hiératisme que la religion imposait peut-être aux artistes de ces épo-
ques. Et, d’ailleurs, savons-nous si ces artistes n’étaient pas des
prêtres ?
Il semble, avec le portrait de Jitchin, que nous touchons à un
art plus épris de vérité. Chaque temple avait alors la coutume de
conserver les portraits de ses principaux prêtres. On les déroulait et
on les accrochait chaque année, le jour où l’on célébrait leur
mémoire.
Verrons-nous apparaître d’autres spécimens de l'art de ces épo-
ques? Il le faut souhaiter. Il serait intéressant de les étudier et d’y
chercher les origines de cet art de Tosa, qui perdit si vite cette belle
largeur d’exécution, cette sourde richesse du coloris, cette entente
décorative des détails, pour devenir un art de miniaturistes suprême-
ment adroits, mais d’exécution sèche et de maigre dessin.
G A S T O X M I G E O N