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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0117

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GAZETTE DES BEAUX-ALITS

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ainsi qu’un industriel de ce genre avait réussi à vendre des pierres
fausses à l’impératrice Salonine ; celle-ci, plus tard, reconnut la
fraude et voulut faire châtier le coupable ; mais Gallien, en bon
prince, jugea à propos de le punir seulement par la peur. 11 ordonna
qu’il fût exposé dans l’amphithéâtre, comme pour être dévoré par
un lion ; puis, sur ses ordres secrets, on ne lança contre le mar-
chand qu’un chapon. La foule se mit à rire, et l’empereur de s’écrier :
« Il a trompé : c’est à son tour de l’être ! »

IY

Une des applications les plus ordinaires des camées consistait
à les faire entrer dans la composition des décorations militaires
qu’on distribuait aux soldats à titre de récompenses de leur courage
et qui portaient le nom de phalères. C’étaient, de préférence, les
têtes de Méduse en sardonyx qui étaient affectées à cet usage. Notre
Catalogue (nos 170 et suiv.) ainsi que le musée du Louvre renfer-
ment un bon nombre de spécimens de ces Méduses en sardoine
brune ou blonde ; leur tranche est forée de quatre trous qui, s’entre-
croisant au centre, étaient destinés au passage des courroies qui
fixaient les camées sur une armature de cuir : l’ensemble consti-
tuait la phalère proprement dite. Assez souvent, on rencontre dans
les musées des bas-reliefs ou des stèles funéraires sur lesquels
figurent des soldats romains, la poitrine ornée de ces phalères appli-
quées sur la cuirasse : phaleris hic pectora fulget, dit Silius Italicus.
A. de Longpérier 1 cite, à titre d’exemple, le monument funéraire de
Q. Sertorius Festus, centurion de la XIe légion : le guerrier est cou-
vert de son armure ; deux torques et sept camées sont suspendus à
des lanières de cuir qui descendent de ses épaules. Cette coutume
des décorations militaires en camées remontait, semble-t-il, jus-
qu’aux Grecs, puisque Cicéron reproche à Verrès de s’être approprié
des phalères qu'il déclare admirables et qui auraient appartenu jadis
au roi Hiéron de Syracuse (phaleras pulcherrimas quæ regis Hieronis
fuisse dicuntur). Auguste, au témoignage de Suétone, distribuait
souvent des phalères en récompense aux soldats courageux; d’ail-
leurs, les inscriptions qui relatent des décorations en phalères
sont nombreuses ; encore au temps de Jornandès au milieu du v° siè-
cle, les guerriers romains se paraient de ces camées honorifiques, et

1. A. de Longpérier, OElivres publiées par G. Schlumberger, t. II, p. 184 et

suiv.
 
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