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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 2
DOI article:
Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0121

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112

GAZETTE DES BEAUX-ALITS

vainqueur ! Ce sobriquet d Lpixène, intrus, donné à Élagabale, rap-
pelle l'origine orientale de cet usurpateur; en même temps, la scène
fait allusion aux pratiques obscènes du culte du dieu syrien, dont
le nouvel empereur était le pontife. Lampride affirme qu’Elagabale
avait des attelages de deux et quatre hétaïres qui le traînaient
tout nu.

V

Après avoir ainsi passé en revue les principaux usages auxque s
on faisait servir les camées, chez les Grecs et chez les Romains, une
réflexion s’impose à notre esprit : le moyen âge n’a fait, dans l’utili-
sation des camées, que continuer la tradition antique. Il n’a rien
innové, il n’a importé d'Orient ou de Germanie aucun usage inconnu
des Romains. Les anciens, nous l’avons vu, considéraient les plus
considérables de leurs camées historiques, comme des monuments
commémoratifs ou des ex-voto : au moyen âge, nous trouvons ces
mêmes camées, à titre de reliques précieuses et de souvenirs chré-
tiens, dans les trésors des églises; on en a changé seulement l’appel-
lation, pour donner aux scènes figurées une interprétation conforme
aux idées courantes. Les anciens ont fait concourir leurs camées à
la décoration de coffrets, d’ustensiles, de colliers, de vêtements de
luxe : chez les Byzantins et clans le moyen âge occidental, les
camées antiques, suivant les mêmes conceptions, décorent les
châsses, les reliquaires, les croix processionnelles, les ciboires, les
patènes, les évangéliaires, les vêtements sacerdotaux et tous les
objets du culte chrétien. C’est la cupidité de tous les temps et
surtout, avouons-le, le stupide fanatisme révolutionnaire, qui
ont arraché les camées antiques à la sertissure métallique dont
ils étaient séculairement entourés, de sorte qu’en contemplant
ces joyaux dépouillés et nus, sous les vitrines de nos musées, le
public demande : A quoi ces belles et grandes gemmes ont-elles
bien pu servir? Sans nos révolutions, le moyen âge se serait chargé
de répondre traditionnellement à cette question. Là où les ongles
crochus (acutos lingues), comme dit Juvénal, de nos modernes Van-
dales n’ont pu s’agriffer, on peut se rendre compte encore de la place
qu’ont toujours occupée les camées dans les produits de l’orfèvrerie
cloisonnée, au milieu des intailles et des cabochons. Voyez les
226 camées ou intailles antiques qui décorent, encore aujourd’hui, la
châsse des Rois Mages, dans la cathédrale de Cologne ; voyez le reli-
quaire de saint Mathias, à Trêves, qui compte parmi ses ornements
 
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