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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Le portrait supposé de César Borgia: attribué à Raphae͏̈l
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Ni les archives du Vatican, ni celles de la famille Borghèse,
n’ont permis jusqu’ici de retrouver l’origine précise de cette admira-
ble peinture. Le seul document qui la mentionne est de date fort
récente : c’est l’inventaire des collections de Camille Borghèse,
époux de Pauline Bonaparte, inventaire dressé à la chute de l’Em-
pire, lorsque le possesseur de tant de richesses les enleva de l’hôtel
qu’il habitait à Paris, pour les installer dans son palais de Rome.
Aujourd'hui, l’œuvre est rentrée derechef en France, en passant dans
les collections sans prix du baron Alphonse de Rothschild; elle a
reçu les soins les plus scrupuleux et retrouvé un éclat nouveau 1 :
elle n’en reste pas moins mystérieuse comme une page de Machiavel.

Charles Yriarte l’a dit ici même en 18872, au cours de ses recher-
ches sur Les Portraits de César Borgia : la double tradition persistera
sans doute, mais la science a élevé contre elle de sérieuses objec-
tions, en se refusant et à sanctionner l’identité du modèle et à
reconnaître la main de Raphaël dans le célèbre portrait. Yriarte a
relevé les objections de ses devanciers par le détail, et l’on sait
qu’elles sont décisives en ce qui concerne le nom du personnage ;
pour le nom du peintre, c’était alors celui du Bronzino qui obtenait
les meilleurs suffrages. De nos jours, le nom de Sébastien del
Piombo a été plus d'une fois proposé, comme il l’a été devant deux
ou trois autres chefs-d’œuvre dont la noblesse anonyme est de pre-
mier rang. La perfide effigie ne saurait, en ce cas non plus, être
celle du Prince; mais, du moins, l’œuvre se trouverait replacée
sous une des plus hautes invocations de l’histoire de l’art.

D.

1. Le peintre s’est malheureusement servi cfun panneau de peuplier, sans se
soucier des nœuds qui abondaient. On avait déjà dû, à une date ancienne, ren-
forcer le panneau par deux traverses grossières qui lui donnaient au revers
l’aspect d’un ais de vieille porte. Il advint fatalement, les vers aidant, que la pein-
ture se souleva par places; la préparation elle-même ne tarda pas à se détacher
du subjectile qui s’effritait peu à peu.

Il n'y avait pas à hésiter : il fallait procéder au transfert sur toile. Le baron
de Rothschild en décida judicieusement ainsi, alors que l’épiderme de la peinture
était encore intact, et confia la délicate opération du rentoilage à M. Bouvard, qui
s’est acquitté avec plein succès de sa mission en 1895.

2. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXXVI, p. 196 et 296.
 
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