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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 3
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Bénédite, Léonce: Les peintres orientalistes français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0258

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que M. de Harlay entraîna Simon Vouet à Constantinople, et que
M. de Nointel emmena avec lui Jacques Carrey, l’auteur des dessins
célèbres du Parthénon, de qui le musée de Versailles possède deux
curieuses peintures relatives à ce voyage, que nous avons fait con-
naître à notre première exposition de 1893.

Décorateurs et descripteurs, toute une petite école orientaliste
se fonde, dont nous avons déjà raconté la formation, qui, à
l'heure où s’écrivaient les Lettres Persanes, le Sopha, Angola et
toute la bibliothèque des conles ou des pamphlets chinois, indiens,
persans ou japonais, au temps où l’on jouait Gengis-Khan, Mahomet,
L’Orphelin de la Chine, etc., décoraient de turqucries ou de chinoise-
ries les appartements de Bellevue, de Chantilly ou du roi de Prusrc,
s’installaient sous la robe des missionnaires près de l’empereur de
la Chine, parcouraient la Turquie, la Grèce, la Russie et répandaient
à profusion, par leurs tableaux ou leurs gravures, la connaissance et
le goût des formes orientales.

Cal lot, Bérain, Gillot et Audran, Watteau, Boucher et Fragonard,
Amédée Vanloo, Lajoue, Pillement et Peyrotte, etc., pour les déco-
rateurs et les fantaisistes ; Simon Vouet, J. Carrey, van Moor,
Liotard, Leprince, Casanova, le chevalier de Favray, etc., pour les
voyageurs : ce sont là de beaux noms d’ancêtres pour les Orienta-
listes. Le XIXe siècle leur réservait mieux encore, car il n’est aucun
des maîtres de ce temps dont l’imagination n’ait été fortement
ébranlée par la poésie profonde qui se dégage de ces races étranges
et de ces merveilleux décors de l’Orient. Gros et Géricault, Bonington
et Delacroix, Ingres lui-même etChassériau, Ary Schefferet IL Devé-
ria, et Diaz, et Charlet, et Ballet, sans parler des professionnels tels
que Decamps, Marilhat, H. Vernet, Fromentin, Bel 1 y, Dehodencq,
Régnault et tant d’autres, sont, pour notre époque, les membres
illustres de celte nombreuse famille.

Ce passé glorieux explique la formation de la petite société
actuelle, dont les expositions se suivent avec un succès croissant
depuis sept ans ; il établit sa généalogie et affirme sa raison d’être
en prouvant que cette réunion d’artistes hardis, laborieux et persé-
vérants, ne constitue point un groupe factice et arbitraire, mais, au
contraire, est destiné à exercer une action méthodique et suivie.

Cette petite société fermée, recrutée avec soin et étroitement
unie, s’est assigné un double but. Sa mission artistique est d’enri-
chir le domaine de Fart de tout un monde de sensations nouvelles,
d’impressions plus fraîches, profitant de l’éclat du ciel, de la beauté
 
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