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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 3
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Somof, A. de: Les nouveaux Rembrandt et Adam Elsheimer à l'Ermitage impérial: correspondance de Russie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0275

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

fut un jour le cas des deux volets du triptyque de Lucas de Leyde : La Guérison
de l'Aveugle de Jéricho, connu de tous les historiens d’art. Vendus lors des
enchères, ils avaient passé par les mains d’un grand nombre de propriétaires
avant d’appartenir en dernier lieu à feu M. A. Kauffmann, à Saint-Pétersbourg,
qui en fit l’acquisition chez un marchand de tableaux pour la somme de 100roubles
(300 fr.). L’Ermitage, désireux de rentrer en leur possession pour reconstituer le
triptyque en son entier, offrit à leur propriétaire de les racheter, et ce dernier con-
sentit enfin, en 1886, à les lui céder pour la somme de 8.000 roubles (24.000 francs).

En ce qui concerne les tableaux du premier lot, il suffira de dire, sans autres
détails, qu’ils restèrent tels qu’ils avaient été placés dans la galerie du nouvel
Ermitage jusqu’en 1862, époque où, sur les indications du célèbre critique
allemand Waagen, invité spécialement pour les examiner, on en relégua un
certain nombre dans les dépôts du musée, et l’on plaça les autres dans de meil-
leures conditions d’éclairage et d’exposition.

Les tableaux du second lot étant fort nombreux, on put en emplir tous les
palais de la ville et de ses alentours. Ils y furent disposés,non seulement dans les
salles d’apparat, dans les appartements des membres de la famille impériale et
dans ceux destinés à recevoir les hôtes impériaux, mais même dans les couloirs,
les chancelleries et jusque dans les logements du personnel des palais. On en
envoya aussi une certaine quantité à Moscou, pour la décoration du grand palais
du Kremlin. Depuis lors, iis ne furent considérés que comme pièces faisant partie
du mobilier ; rarement on leur réserva la faveur d'une admiration critique. Les
conservateurs de l’Ermitage, dans les attributions desquels entrait la garde de
ces tableaux, visitaient bien, de temps à autre, les palais, pour en vérifier l’inven-
taire et veiller à leur état, mais sans y attacher jamais d’autre importance.

Cet état de choses dura jusqu’à ce qu’on abandonnât à l’Ermitage, comme
d'ailleurs dans presque tous les musées d'Europe, l’usage de confier la conserva-
tion des œuvres d’art à des artistes et à des fonctionnaires ordinaires, au lieu de
la confier à des spécialistes savants. Ce n’est qu’à la suite de la nomination de
feu A. WassilLchikof au poste de directeur de l'Ermitage, qu’on prêta un peu
plus d’attention à tous ces tableaux et qu’on commença à les étudier de plus
près. Le résultat fut qu’en 1882, pour la première fois, 32 tableaux de maîtres,
de grande valeur, furent découverts dans les palais et réintégrés à l’Ermitage.
Depuis, chaque année, grâce à de consciencieuses études, de nouvelles œuvres
de premier ordre viennent augmenter la richesse de la galerie impériale. On fit
également de curieuses découvertes dans l’amas des tableaux relégués dans les
dépôts de l’Ermitage faute d’avoir pu trouver place dans les palais ou pour tout
autre motif.

Me trouvant, au printemps dernier, à Tsarskoë-Sélo, pour affaires de service
je pus pénétrer dans un des logements occupés par des fonctionnaires de la
Cour, d’un accès assez difficile d’ordinaire. La journée était belle, toute
ensoleillée, et, comme les habitants du logement étaient absents, j’eus tout le
loisir, et sans me presser, d’examiner avec soin les tableaux que contenaient les
différentes pièces de l’appartement. Mon attention fut particulièrement attirée par
un petit tableau, d’aspect assez obscur, qui représentait un Entretien du Christ
 
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