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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 4
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Benoît, Camille: Le triptyque d'Oultremont et Jan Mostaert, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0285

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qui concerne le triptyque et les portraits. Je ne faisais, tout
d’abord, qu’un simple rapprochement. Comme c’était naturel et
nécessaire, j’étais plus porté à sentir les ressemblances qu’à m’ar-
rêter aux différences. Celles-ci, nous y reviendrons tout à l’heure,
allaient de soi. En tous cas, à mesure que j’entrais dans l’intimité
du triptyque d’Oultremont, j’étais frappé de plusieurs particularités
curieuses, communes à cette œuvre et aux portraits.

D’abord, ce goût étrange et ce talent dépensé à rendre, dans leur
grain, dans leurs mats ou leurs luisants, dans leurs tons rompus, les
peaux de gants blancs et gris patinés par l’usage — nous dirions au-
jourd’hui « culottés » — avec leurs nuances dégradées, leurs défor-
mations flasques, leur « glaçage » comme par l’effet d’une fine pous-
sière de suie dont on les aurait poudrées.

Il faudrait le vocabulaire approprié et le don descriptif de l’au-
teur de la Cathédrale, M. Joris-Karl Huysmans, pour exprimer, dans
sa quintessence, le charme et l’intérêt que l’ingéniosité du peintre a
su communiquer à ces simples accessoires de toilette, aux aspects
à la fois fatigués et rajeunis, meurtris et ravivés.

Autre particularité à noter : l’ondulé et le lustré de certaines
chevelures blondes ; vraies perruques qui, comme chez Crivelli ou
Antonello, semblent sorties des mains d’un maître de l’art capillaire
qui les eût, avec amour, ointes d’une huile subtile, et caressées d’un
peigne délicat. Le moelleux des barbes, et surtout la consistance
ouateuse de certaines fourrures au poil dense et court, étaient encore
à remarquer dans cette comparaison, ainsi que les veloutés et les
satinés des étoffes noires et cramoisies.

Je me borne ici à ces indications, en attendant une autre occa-
sion de poursuivre plus loin ce travail. Quant aux différences, elles
tenaient en grande partie à celles mêmes des genres traités, avec
quelque chose de plus rude et de plus gauche dans le triptyque
d’Oultremont. Là, il semblait que hauteur eût été gêné par un pro-
gramme imposé et par la complexité de la composition. Dans les
données plus restreintes du musée de Bruxelles, son talent se ma-
nifestait d’une façon plus dégagée, plus achevée, avec une liberté,
une maturité annonçant la maîtrise définitive, la possession entière
de sa nature propre, conquise par la suite d’efforts nécessaire pour
mettre en harmonie le sentiment original et les moyens d’expression.

Mais il suffisait de bien regarder, et de comparer à ses congé-
nères l’admirable portrait du donateur dans le triptyque, pour être
édifié sur la parité du talent qui avait fait vivre, à des époques
 
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