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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 4
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Dilke, Emilia Francis Strong: Jean-François de Troy et sa rivalité avec François le Moine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0298

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282

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ressemblance d’exécution avec les originaux. L’un des meilleurs
ouvrages de ce genre est le fameux Déjeuner d’huîtres de Chantilly,
que de Troy exécuta pour le roi, et qui justifie, par la fermeté de la
touche et ses énergiques accents, la malicieuse observation de
Mariette, d’après laquelle de Troy travaillait avec plus de conscience
à des bagatelles qu’il n’en apportait dans ses grandes compositions.
La Conversation galante C à Sans-Souci, où il a représenté un groupe
enjoué d’hommes et de femmes élégantes s’abandonnant au llirt sur
les degrés d’une terrasse, révèle, comme Le Déjeuner d'huîtres, la
main d’un maître rompu à l’étude des scènes de la vie familière,
une main rendue plus habile, et non énervée par le sentiment ou
la grâce artificielle dont quelques-uns des imitateurs de Wafteau
ont réussi à parer leurs ouvrages. Une autre charmante composi-
tion du même style nous est offerte par La Surprise, dont le sujet

est un couple amoureux qui se sépare au signal de la soubrette

faisant le guet. Lorsque cette toile parvint au musée de South Kcn-
sington, elle portait, dans l’angle gauche, la signature manifeste-
ment fausse de Watteau, qui disparut sous le frottement d’une
éponge et d’un peu d’alcool, tandis que la signature du véritable

auteur et la date se lisaient nettement peintes sur les pierres de la

fontaine1 2.

Le sujet rappelle ce mot d’un de ses biographes, le chevalier de
Valory : « L’habitude de vivre avec des femmes décentes, quoique
sensibles, influait sur ses tableaux», et l’exécution nous rappelle que
le même critique disait aussi que «l’imitation juste delà nature
était son talent particulier ». Le linge, les étoffes, les broderies sont
traités avec une précision qui, non moins que la délicatesse du
modelé dans les chairs et le caractère expressif des tètes et des
mains des deux principaux personnages, montre quel fonds d’étude
de Troy possédait réellement. Un double intérêt s’attache à ce
tableau, car de Troy l’exécuta immédiatement après sa dramatique
composition de La Peste de Marseille3, bien connue par l’admirable
gravure qu'en lit Thomassin, en 1727. Cet ouvrage, que de Troy exé-

1. Ce tableau a été reproduit par Braun et gravé sous te titre : Die Liehcs-
erklærung (p. 48 et 59), dans le livre du Dr Seidel : Friedrich der Grosse und
die franzœsiche Malerei seiner Zeit. Il est signé et daté : De Troy, 1731.

2. I DE TROY. 1723.

3. Musée de Marseille. Voir Le Château Borély, par Léon Lagrange, article
dans lequel a été donnée la gravure de ce tableau (Gazette des Beaux-Arts, tre pér.,
t. VI, p. 157 et 158).
 
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