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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 5
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Babelon, Ernest: Vénus à sa toilette: statuette en calcédoine saphirine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0386
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VÉNUS A SA TOILETTE

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breuses et indiscutables de couleurs sur les draperies qui eu étaient,
sans aucun doute possible,, entièrement couvertes.

Le buste seul, les bras et la tète, laissés à nu au-dessus du vête-
ment, étaient dépourvus de toute application de couleur. Remarquez
aussi l’armature mobile du collier de perles ou de verroteries au cou
de la déesse, et le petit bracelet d’or passé au bras droit. Il n’était pas
rare que les anciens ajoutassent ainsi des ornements mobiles à leurs
statues ou statuettes, et je n’en rapporterai ici qu’un exemple :
c’est un petit bronze du musée de Chambéry, qui représente précisé-
ment une Vénus Anadyomène avec une armille à l'un de ses pieds
et un bracelet mobile au bras gauche L

Quoi de plus étrange que ce coloriage des gemmes chez les
anciens? Il n’y a pourtant pas lieu de mettre en doute la consta-
tion matérielle que nous venons de faire. Ce n’est pas, d’ailleurs, un
exemple isolé. Un buste de Julien l'Apostat, en calcédoine, trouvé
récemment dans les ruines d’Antioche et acquis par le Cabinet des
médailles, porte aussi des traces de peinture. Il y en a même sur le
grand Camée de la Sainte-Chapelle; les yeux, les rides du visage,
les plis des vêtements de plusieurs personnages y sont soulignés par
des traits de couleur noire, dont l’application remonte jusqu’à l’anti-
quité. Il n’y a pas à en douter : les anciens allaient jusqu’à rehaus-
ser de peinture leurs camées sur pierres fines, pour ajouter à la
polychromie des nuances naturelles de la gemme. Ils voulaient
par là compléter la nature, quand cette dernière ne leur paraissait
pas traduire d’une manière adéquate les variétés de nuances et de
tons qu’ils avaient rêvées.

Une autre réflexion s'impose. Quand nous voyons des bustes
d'agate, comme celui de Constantin au Cabinet des médailles, — un
ancien sceptre romain, — muni d’une draperie en vermeil qui con-
tinue les plis intaillés dans la gemme, nous sommes quelque peu
choqués par le disparate de cette armature métallique du moyen âge.
Pourtant, il est permis de croire que cette draperie étincelante ne fait
que remplacer celle que l’antiquité elle-même avait imaginée et qui,
dans nos idées actuelles, serait du dernier mauvais goût. Mais le point
de vue change si l’on admet que la gemme était couverte de peinture.
On conçoit alors aisément que le métal qui en épousait les contours
et les continuait ait dû recevoir le même coloriage ; ainsi, la dispa-
rate qui nous choque tant aujourd’hui n’existe, en réalité., que parce
que les couleurs appliquées sur la gemme ont disparu. Enfin, ajou-

1. Revue archéologique, 189b, I, pl. IX et X.
 
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