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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L., 2o p. » L’abbé de Gevigney, garde des titres de la Bibliothèque
du Roi, dont le cabinet fut vendu en 1779, possédait une œuvre
de notre maître : Le Singe malade. Ce tableau est décrit dans le
catalogue en ces termes : « Sujet grotesque et plaisamment exécuté
dans le genre d’arabesque ; le portrait du médecin y est singulière-
ment dépeint. Toile : H., 20 p. L., 16 p. » Il est question, on le
voit, dans cette scène ingénieuse, d’un médecin soignant un singe.
Ce personnage nous fait songer à celui qui figure dans une com-
position de Watteau, Le Chat malade. Ne devons-nons pas noter,
comme une coïncidence assez bizarre, cette rencontre de sujets ?
II
Arrivons aux catalogues de collections modernes : la ville natale
de Gillot, qui a donné le jour à Diderot, compte aussi parmi ses
enfants le physicien et amateur d’art Walferdin. Mort en 1879,
celui-ci n’est pas encore oublié de la génération présente. Très
passionné pour les artistes français, il ne pouvait manquer de
prendre intérêt aux œuvres de son compatriote. Il possédait de
Claude Gillot, sans parler de quelques toiles dont l’attribution semble
douteuse, et d’une suite de dessins, trois tableaux de genre, qui
furent vendus en 1880 : Un Marché, Le Roman comique et Les Adver-
saires et les Partisans du Carême, scène de carnaval U
Nous ne saurions dire, présentement, ce que sont devenus ces
ouvrages après les enchères. Nous sommes mieux renseigné sur
une autre collection, vendue en 1883, celle de M. Warocquier,, à
Orchies (Nord), qui renfermait trois tableaux de notre artiste : Les
Apprêts du marché, Le Repas villageois et La Baraque de Vempirique-.
Cette dernière peinture peut être considérée comme une des
œuvres capitales de Claude Gillot. Elle a été achetée par M. Varlet-
Nicolle, au château de Mouchin, non loin d'Orchies. Nous avons vu,
lors d’un récent voyage dans le département du Nord, cette toile
qui est demeurée dans un excellent état de conservation et qui porte
la signature du peintre, tracée à gauche, sur un morceau de bois
équarri et coupé dans un tronc d’arbre. C’est un tableau qui donne,
au premier abord, une impression de fraîcheur, de finesse et
d’élégance. Un grand nombre de personnages animent la com-
position et sont très habilement distribués.
1. Voir sur la collection Walferdin, l’article de M. le baron Portalis, Gazette
des Beaux-Arts, IIe pér., t. XXI, p. 297.
2. Hauteur, 0m62; largeur, 0m75. Toile.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L., 2o p. » L’abbé de Gevigney, garde des titres de la Bibliothèque
du Roi, dont le cabinet fut vendu en 1779, possédait une œuvre
de notre maître : Le Singe malade. Ce tableau est décrit dans le
catalogue en ces termes : « Sujet grotesque et plaisamment exécuté
dans le genre d’arabesque ; le portrait du médecin y est singulière-
ment dépeint. Toile : H., 20 p. L., 16 p. » Il est question, on le
voit, dans cette scène ingénieuse, d’un médecin soignant un singe.
Ce personnage nous fait songer à celui qui figure dans une com-
position de Watteau, Le Chat malade. Ne devons-nons pas noter,
comme une coïncidence assez bizarre, cette rencontre de sujets ?
II
Arrivons aux catalogues de collections modernes : la ville natale
de Gillot, qui a donné le jour à Diderot, compte aussi parmi ses
enfants le physicien et amateur d’art Walferdin. Mort en 1879,
celui-ci n’est pas encore oublié de la génération présente. Très
passionné pour les artistes français, il ne pouvait manquer de
prendre intérêt aux œuvres de son compatriote. Il possédait de
Claude Gillot, sans parler de quelques toiles dont l’attribution semble
douteuse, et d’une suite de dessins, trois tableaux de genre, qui
furent vendus en 1880 : Un Marché, Le Roman comique et Les Adver-
saires et les Partisans du Carême, scène de carnaval U
Nous ne saurions dire, présentement, ce que sont devenus ces
ouvrages après les enchères. Nous sommes mieux renseigné sur
une autre collection, vendue en 1883, celle de M. Warocquier,, à
Orchies (Nord), qui renfermait trois tableaux de notre artiste : Les
Apprêts du marché, Le Repas villageois et La Baraque de Vempirique-.
Cette dernière peinture peut être considérée comme une des
œuvres capitales de Claude Gillot. Elle a été achetée par M. Varlet-
Nicolle, au château de Mouchin, non loin d'Orchies. Nous avons vu,
lors d’un récent voyage dans le département du Nord, cette toile
qui est demeurée dans un excellent état de conservation et qui porte
la signature du peintre, tracée à gauche, sur un morceau de bois
équarri et coupé dans un tronc d’arbre. C’est un tableau qui donne,
au premier abord, une impression de fraîcheur, de finesse et
d’élégance. Un grand nombre de personnages animent la com-
position et sont très habilement distribués.
1. Voir sur la collection Walferdin, l’article de M. le baron Portalis, Gazette
des Beaux-Arts, IIe pér., t. XXI, p. 297.
2. Hauteur, 0m62; largeur, 0m75. Toile.