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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 6
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Dukas, Paul: Chronique musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0524

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CHRONIQUE MUSICALE

Salle du Nouveau-Théâtre : TRISTAN ET YSEUI.T. Représentations de l’œuvre de
Richard Wagner, données, sous le patronage de la Société des Grandes
Auditions musicales de France, par M. Charles Lamoureux.

l nous fallait désigner, parmi les œuvres de Richard
Wagner, la plus représentative de son art, la plus conforme
à ses théories et, en même temps, la plus expressive de sa
personnalité de poète et de musicien, notre indication se
porterait, sans hésiter, sur Tristan et Yseult. La tétralogie
de Y Anneau du Niebelung, vaste et barbare, toute bruis-
sante du murmure de la forêt hyrcinienne ; les Maîtres
Chanteurs de Nuremberg, éclatants de joie germanique ;
Parsifal, resplendissant de clartés surnaturelles, sont autant de mondes distincts,
peuplés de figures rayonnantes ou ténébreuses, certes inoubliables. Mais elles ne
s'imposent pas à nous avec la même insistance passionnée, avec la même véhé-
mence obsédante que celles de Tristan et d’Yseult. Ici les deux héros se meuvent
dans un cercle tellement resserré; ils s’y dressent en attitudes d’extase ou de
violence à ce point excessives ; la musique, autour d’eux, fait déferler un tel
océan de brûlantes mélodies, que leurs figures douloureuses se détachent en un
relief plus puissant encore et comme en traits de feu. L’œuvre est unique, en
vérité, non seulement parmi les créations de Wagner, mais dans le Théâtre
universel. Et cependant, si exceptionnelle qu’elle soit, c’est par elle que le drame
wagnérien s’affirme de la manière la plus typique et jusqu’en ses conséquences
extrêmes. Car c’est ici que le maître atteint, avec le plus de rigueur et d’aisance,
à la simplification de l’action externe, en même temps qu’à l’extension du drame
interne.

Cette simplification, celte extension, qui tiennent à l’essence même de l’art
wagnérien et se conditionnent mutuellement, reçoivent dans Tristan et Yseult une
application si frappante que, dans la lettre à Fr. Villot qui précède ses quatre
poèmes d’opéras traduits en français, Wagner écrivait que l’on pouvait juger son
ouvrage d’après les lois les plus strictes découlant de ses affirmations théoriques.
Cette phrase du maître n’a rien d'aventuré : non pas qu’il se fût le moins du
 
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