L’ARCHITECTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE
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Est-ce par des qualités de même ordre que va se révéler notre
architecture à l’Exposition de 1900? Il semble à premier examen
que les décorateurs de façades aient eu beau jeu. Jamais on ne parut
moins embarrassé des problèmes ardus de la construction : des bâtis
de sapin, des planches découpées, des toiles raidies par le plâtre, des
sculptures en carton, des pierres et des briques simulées, tels sont
les éléments des futurs
« palais » ; car il semble
qu’on ait cherché à mas-
quer la pauvreté des
choses par la richesse
des mots.
Sans doute, il s’agit
là de constructions éphé-
mères faites pour vivre
six mois. Et puis, songez
donc aux ressources
qu’offre à l’artiste ce mé-
lange de filasse, de plâtre
et de colle qu’on appelle
le « staff » ! N’est-ce pas
la matière par excellence,
celle qui supprime toute
difficulté résultant de
propriétés techniques et
qui, n’exigeant aucune
forme spéciale, se prête à
toutes les fantaisies? Plus
d’assises de pierre, plus
de combinaisons de bois,
plus d’assemblages qui limitent le décor. Aussi, quelle abondance,
j’allais dire quelle débauche d’ornements!
Cependant, tout n’est pas provisoire dans cette Exposition, et
s'il n’en subsistait qu’un nouvel aspect de Paris, une belle ouver-
ture entre les deux rives de la Seine réunies par un pont monu-
mental, prolongé suivant une avenue que borderont deux palais à
colonnades de pierre, on n’aurait déjà pas lieu de trop se plaindre.
C’est la réalisation d’une première idée, la seule peut-être qui soit
sortie du concours ouvert il y a cinq ans et qui, si elle avait eu le
temps d’être mûrie, aurait pu vraiment doter Paris d’œuvres défmi-
L.V FRANCE DE LA RENAISSANCE, PAR M. COÜÏAN
(Pont Alexandre 111.)
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Est-ce par des qualités de même ordre que va se révéler notre
architecture à l’Exposition de 1900? Il semble à premier examen
que les décorateurs de façades aient eu beau jeu. Jamais on ne parut
moins embarrassé des problèmes ardus de la construction : des bâtis
de sapin, des planches découpées, des toiles raidies par le plâtre, des
sculptures en carton, des pierres et des briques simulées, tels sont
les éléments des futurs
« palais » ; car il semble
qu’on ait cherché à mas-
quer la pauvreté des
choses par la richesse
des mots.
Sans doute, il s’agit
là de constructions éphé-
mères faites pour vivre
six mois. Et puis, songez
donc aux ressources
qu’offre à l’artiste ce mé-
lange de filasse, de plâtre
et de colle qu’on appelle
le « staff » ! N’est-ce pas
la matière par excellence,
celle qui supprime toute
difficulté résultant de
propriétés techniques et
qui, n’exigeant aucune
forme spéciale, se prête à
toutes les fantaisies? Plus
d’assises de pierre, plus
de combinaisons de bois,
plus d’assemblages qui limitent le décor. Aussi, quelle abondance,
j’allais dire quelle débauche d’ornements!
Cependant, tout n’est pas provisoire dans cette Exposition, et
s'il n’en subsistait qu’un nouvel aspect de Paris, une belle ouver-
ture entre les deux rives de la Seine réunies par un pont monu-
mental, prolongé suivant une avenue que borderont deux palais à
colonnades de pierre, on n’aurait déjà pas lieu de trop se plaindre.
C’est la réalisation d’une première idée, la seule peut-être qui soit
sortie du concours ouvert il y a cinq ans et qui, si elle avait eu le
temps d’être mûrie, aurait pu vraiment doter Paris d’œuvres défmi-
L.V FRANCE DE LA RENAISSANCE, PAR M. COÜÏAN
(Pont Alexandre 111.)