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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
silice — qui a été découverte à Lezoux (Puy-de-Dôme) par feu le
Dr Plicque et appartient aujourd’hui à sa veuve. 11 y avait là de
vastes ateliers céramiques, dont les débris ont fourni à M. Plicque
une collection singulièrement riche et variée. A l’entrée même de
ces ateliers s’élevait la statue de Mercure, dieu protecteur du com-
merce et des arts. C’est un homme barbu, moustachu, dans une
attitude raide et maussade, coiile
d’un bonnet à ailerons, tenant
un caducée de la main gauche,
une bourse énorme — longue
de 0m50 — de la main droite
abaissée et accompagné de scs
animaux familiers, le coq et le
bouc1. Sur sa poitrine est une
plaque portant une inscription
latine : Mercurio et Augusto
sacrum. Evidemment, le tailleur
de pierres gaulois qui a fabriqué
cette étrange idole avait vu des
statues ou des statuettes ro-
maines représentant Mercure,
le jeune dieu élégant, messager
des Immortels et complaisant de
leurs galantes aventures ; mais
ses clients n’avaient que faire
de ce Mercure-là ; il leur fallait
le leur, conforme à une pensée
religieuse plus grave, qui con-
sentait à emprunter aux dieux
romains leurs attributs et même
leurs noms, pourvu que les
dieux gaulois gardassent leur physionomie propre, sérieuse et rébar-
bative. Sans l’inscription, où la dédicace Augusto ne laisse aucun
doute, on eût volontiers attribué le colosse de Lezoux à la Gaule
celtique; en réalité, il date des environs de l’an 100 après notre ère,
alors que la Gaule était romaine depuis un siècle et demi, mais n’en
demeurait pas moins fort indépendante d'idées et d'allures, surtout
1. Voir Héron de Villefosse, Bulletin du Comité, 1891, pl. 25 et p. 393. Le
caducée et diverses parties du bas de la statue sont des restaurations, d’ailleurs
très bien faites
VÉNUS
(Musée de Grenoble.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
silice — qui a été découverte à Lezoux (Puy-de-Dôme) par feu le
Dr Plicque et appartient aujourd’hui à sa veuve. 11 y avait là de
vastes ateliers céramiques, dont les débris ont fourni à M. Plicque
une collection singulièrement riche et variée. A l’entrée même de
ces ateliers s’élevait la statue de Mercure, dieu protecteur du com-
merce et des arts. C’est un homme barbu, moustachu, dans une
attitude raide et maussade, coiile
d’un bonnet à ailerons, tenant
un caducée de la main gauche,
une bourse énorme — longue
de 0m50 — de la main droite
abaissée et accompagné de scs
animaux familiers, le coq et le
bouc1. Sur sa poitrine est une
plaque portant une inscription
latine : Mercurio et Augusto
sacrum. Evidemment, le tailleur
de pierres gaulois qui a fabriqué
cette étrange idole avait vu des
statues ou des statuettes ro-
maines représentant Mercure,
le jeune dieu élégant, messager
des Immortels et complaisant de
leurs galantes aventures ; mais
ses clients n’avaient que faire
de ce Mercure-là ; il leur fallait
le leur, conforme à une pensée
religieuse plus grave, qui con-
sentait à emprunter aux dieux
romains leurs attributs et même
leurs noms, pourvu que les
dieux gaulois gardassent leur physionomie propre, sérieuse et rébar-
bative. Sans l’inscription, où la dédicace Augusto ne laisse aucun
doute, on eût volontiers attribué le colosse de Lezoux à la Gaule
celtique; en réalité, il date des environs de l’an 100 après notre ère,
alors que la Gaule était romaine depuis un siècle et demi, mais n’en
demeurait pas moins fort indépendante d'idées et d'allures, surtout
1. Voir Héron de Villefosse, Bulletin du Comité, 1891, pl. 25 et p. 393. Le
caducée et diverses parties du bas de la statue sont des restaurations, d’ailleurs
très bien faites
VÉNUS
(Musée de Grenoble.)