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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Tourneux, Maurice: La sculpture moderne: les arts à l'Exposition universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0058
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GAZETTE DES BEAUX-AR]TS

quand bien même, suivant le mot de Préault, Pradier serait parti
tous les matins pour Athènes et se serait arrêté chaque soir rue
Bréda, le mal serait-il si grand? Et ne nous aurait-il légué que
l’image de la femme de son temps, il aurait bien mérité de la posté-
rité; mais elle est immortelle comme la grâce, cette Chloris, laissant
glisser au bas de ses reins la draperie qui les enveloppait, et si
quelques détails de coiffure et d’ajustement « datent » en effet les
figures de Pradier, on ne rend point communément assez justice à
l'habileté de Partiste et à la volupté qui se dégage de son œuvre.

Pradier a, du moins, connu de son vivant tous les enivrements
du succès, et il a pu croire, comme Clésinger, que le jugement de
ses contemporains devançait celui de l’avenir. Antonin Moine, Jehan
Feuchère, Auguste Préault ont traversé des temps difficiles, et
voici que la faveur si longtemps prodiguée à leurs rivaux s’est enfin
tournée vers eux. Le Louvre se préoccupe aujourd'hui de constituer
une salle de sculpture romantique. Déjà le Roland enchaîné de Jehan
Du Seigneur (oublié à la Centennale), a quitté, non sans peine,
paraît-il, le jardin du Luxembourg et trouvé un asile dans les salles
du rez-de-chaussée. J’y voudrais voir le Satan de Feuchère (musée
de Douai), et, si l’on ne peut décemment disputer au musée de
Clermont-Ferrand la maquette de la statue équestre de Desaix,
projetée par Antonin Moine en l'honneur de cet enfant du Puy-
de-Dôme, je ne vois pas trop à quel litre le musée de Dunkerque
conserve le haut-relief en marbre d’un Combat de gnomes de Par-
tiste stéphanois. Pendant que j’arrange à ma guise un cabinet qui
rappelle celui que Georges de Scudéry s’était ainsi formé sur le
papier, je demande à M. Alexis Rouart cette statuette de Bocage, par
Maindron, d’une si nerveuse et si fine élégance, à M. Paul Meurice
le bronze de La Honte, par Préault, et à Mme Bureau l'extraordinaire
Ratapoil de Daumier.

En faisant une large place aux vivants, l'Exposition centennale
nous a donné un avant-goùt de ce que seront un jour d'autres
salles du Louvre, lorsque MM. Eug. Guillaume, Paul Dubois, Rodin,
Saint-Marceaux,Marqueste, Frémiet, Mercié, Injalbert, etc., y auront
accès à leur tour, et nos arrières-neveux ne leur marchanderont pas
plus que nous l’admiration à laquelle ils ont droit, mais je crois
superflu de redire ici ce qui a été dit cent fois avant moi et avec
plus d’autorité sur des œuvres connues de tous, et où revit la glo-
rieuse tradition, ininterrompue depuis des siècles, de la statuaire
française.
 
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