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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
purement symbolique. Concitoyen d’un des plus délicieux symbo-
listes, Grandville, nous avons appris à lire dans ses Fleurs animées
et ses Étoiles, et nous savons bien que cette éloquence de la fleur,
grâce aux mystères de son organisme et de sa destinée, grâce à la
synthèse du symbole végétal sous le crayon de l’artiste, dépasse par-
fois en intime pouvoir suggestif l’autorité de la figure humaine...
Nuances, galbes, parfums sont
les vocables de ce que Baudelaire
appelait :
Le langage des fleurs et des choses
[muettes. »
M. Emile Gallé avait d’au-
tant plus qualité pour se pro-
noncer qu'après bien des détours
plusieurs s’engagent dans la route
qu’il a frayée et qui longtemps
resta déserte, honnie. A l’Expo-
sition de 1889, son cas était anor-
mal ; plus fard seulement se sont
produites les tentatives qui visè-
rent à nous délivrer de la tyrannie
despotique des styles morts. Au
cours de ces dix dernières années,
le mobilier français a subi des
fortunes dont on a gardé le sou-
venir et dont on peut suivre la
trace, Nous avons rapporté com-
ment une revendication tardive
de leurs droits amena les archi-
tectes à supplanter les tapissiers
dans la décoration intérieure. Retenez quelles causes devaient, sinon
compromettre cette intervention, du moins en limiter l’effet. Les
architectes ont été les premiers propagateurs de l’influence anglaise.
A raison de cette influence et de leurs inclinations professionnelles,
et sauf l’exception de M. Genuys, de MM. Plumet et Selmersheim
arrivant à point pour confirmer la règle, ils furent induits à se
contenter d’une recherche de lignes, de profils, réalisant déjà un
progrès, mais inapte à satisfaire toutes les aspirations de notre tempé-
rament, toutes les exigences de nos demeures. Un mobilier rigide, à
SOUFFLET EN BOIS SCULPTÉ
(Expose par M. Marshall Culler.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
purement symbolique. Concitoyen d’un des plus délicieux symbo-
listes, Grandville, nous avons appris à lire dans ses Fleurs animées
et ses Étoiles, et nous savons bien que cette éloquence de la fleur,
grâce aux mystères de son organisme et de sa destinée, grâce à la
synthèse du symbole végétal sous le crayon de l’artiste, dépasse par-
fois en intime pouvoir suggestif l’autorité de la figure humaine...
Nuances, galbes, parfums sont
les vocables de ce que Baudelaire
appelait :
Le langage des fleurs et des choses
[muettes. »
M. Emile Gallé avait d’au-
tant plus qualité pour se pro-
noncer qu'après bien des détours
plusieurs s’engagent dans la route
qu’il a frayée et qui longtemps
resta déserte, honnie. A l’Expo-
sition de 1889, son cas était anor-
mal ; plus fard seulement se sont
produites les tentatives qui visè-
rent à nous délivrer de la tyrannie
despotique des styles morts. Au
cours de ces dix dernières années,
le mobilier français a subi des
fortunes dont on a gardé le sou-
venir et dont on peut suivre la
trace, Nous avons rapporté com-
ment une revendication tardive
de leurs droits amena les archi-
tectes à supplanter les tapissiers
dans la décoration intérieure. Retenez quelles causes devaient, sinon
compromettre cette intervention, du moins en limiter l’effet. Les
architectes ont été les premiers propagateurs de l’influence anglaise.
A raison de cette influence et de leurs inclinations professionnelles,
et sauf l’exception de M. Genuys, de MM. Plumet et Selmersheim
arrivant à point pour confirmer la règle, ils furent induits à se
contenter d’une recherche de lignes, de profils, réalisant déjà un
progrès, mais inapte à satisfaire toutes les aspirations de notre tempé-
rament, toutes les exigences de nos demeures. Un mobilier rigide, à
SOUFFLET EN BOIS SCULPTÉ
(Expose par M. Marshall Culler.)