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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à reproduire. Elle nous montre un groupe de Vierges, debout
autour de la Vierge Marie ; celle-ci est assise tenant l’Enfant Jésus.
Les figures des saintes peuvent être comparées avec celles que
l’on rencontre dans les deux répliques de la Madone au chartreux,
soit la réplique du baron Gustave de RoLhschild, soit surtout celle
du musée de Berlin. Nous retrouvons également dans ces deux
tableaux, comme dans la miniature, le même type d'Enfant Jésus.
En outre, plusieurs des jeunes saintes de la miniature ont la plus
étroite parenté de visage avec certaines des Vierges qui s’avancent,
en groupe charmant, pour venir adorer l’Agneau, dans la partie
centrale, restée à Gand, du retable de Saint-Bavon.
Ce même groupe des Vierges du retable de Saint-Bavon, pris
dans son ensemble, trouve, d’autre part, sa copie presque textuelle
dans un petit sujet disposé, en forme de frise, au bas de la même
page des Heures de Turin et qui représente également les Vierges,
comme à Gand, se dirigeant ensemble vers l’Agneau mystique.
L’identité de modèle pour ce groupe est d’autant plus frappante,
que le sujet en lui-même est extrêmement rare dans les monuments
de la peinture flamande.
Vient ensuite une page1, sur laquelle nous reviendrons plus loin
en grand détail, où l’on voit un prince à cheval, suivi d’une escorte
de cavaliers, qui s’avance à proximité du rivage de la mer, levant
la tète comme en prière vers Dieu qui apparaît dans les airs. Dans
le fond, on voit se dérouler jusqu’à l’horizon une grève animée de
nombreuses figurines de personnages microscopiques, qui sur l’ori-
ginal même, où la couleur les rend plus distinctes, ne se voient
vraiment bien qu’à la loupe, distançant les plus remarquables tours
de force d’un van Blarenberghe au xvme siècle. Ici l’idée du rappro-
chement s’éveille immédiatement avec les cavaliers des deux volets
de gauche du retable de l’Agneau, passés aujourd’hui au musée de
Berlin. Ainsi, par exemple, le cheval blanc que monte le prince en
prières sur la miniature, est presque exactement le même qui, dans
le volet de Berlin, porte le personnage dans lequel la tradition veut
reconnaître Hubert van Eyck en personne. Si nous passions à l’étude
des détails, nous trouverions encore force traits de ressemblance,
soit avec le retable, soit aussi avec d’autres tableaux. Je n’en men-
tionnerai qu’un seul. En examinant à la loupe la miniature même,
on peut constater que la cuirasse bombée d’acier poli du cavalier
1. Reproduction des Heures de Turin, planche XXXY1I.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à reproduire. Elle nous montre un groupe de Vierges, debout
autour de la Vierge Marie ; celle-ci est assise tenant l’Enfant Jésus.
Les figures des saintes peuvent être comparées avec celles que
l’on rencontre dans les deux répliques de la Madone au chartreux,
soit la réplique du baron Gustave de RoLhschild, soit surtout celle
du musée de Berlin. Nous retrouvons également dans ces deux
tableaux, comme dans la miniature, le même type d'Enfant Jésus.
En outre, plusieurs des jeunes saintes de la miniature ont la plus
étroite parenté de visage avec certaines des Vierges qui s’avancent,
en groupe charmant, pour venir adorer l’Agneau, dans la partie
centrale, restée à Gand, du retable de Saint-Bavon.
Ce même groupe des Vierges du retable de Saint-Bavon, pris
dans son ensemble, trouve, d’autre part, sa copie presque textuelle
dans un petit sujet disposé, en forme de frise, au bas de la même
page des Heures de Turin et qui représente également les Vierges,
comme à Gand, se dirigeant ensemble vers l’Agneau mystique.
L’identité de modèle pour ce groupe est d’autant plus frappante,
que le sujet en lui-même est extrêmement rare dans les monuments
de la peinture flamande.
Vient ensuite une page1, sur laquelle nous reviendrons plus loin
en grand détail, où l’on voit un prince à cheval, suivi d’une escorte
de cavaliers, qui s’avance à proximité du rivage de la mer, levant
la tète comme en prière vers Dieu qui apparaît dans les airs. Dans
le fond, on voit se dérouler jusqu’à l’horizon une grève animée de
nombreuses figurines de personnages microscopiques, qui sur l’ori-
ginal même, où la couleur les rend plus distinctes, ne se voient
vraiment bien qu’à la loupe, distançant les plus remarquables tours
de force d’un van Blarenberghe au xvme siècle. Ici l’idée du rappro-
chement s’éveille immédiatement avec les cavaliers des deux volets
de gauche du retable de l’Agneau, passés aujourd’hui au musée de
Berlin. Ainsi, par exemple, le cheval blanc que monte le prince en
prières sur la miniature, est presque exactement le même qui, dans
le volet de Berlin, porte le personnage dans lequel la tradition veut
reconnaître Hubert van Eyck en personne. Si nous passions à l’étude
des détails, nous trouverions encore force traits de ressemblance,
soit avec le retable, soit aussi avec d’autres tableaux. Je n’en men-
tionnerai qu’un seul. En examinant à la loupe la miniature même,
on peut constater que la cuirasse bombée d’acier poli du cavalier
1. Reproduction des Heures de Turin, planche XXXY1I.