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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Loeser, Charles: La collection Beckerath au Cabinet des estampes de Berlin, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0063
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tableau de Verrocchio de sujet identique, conserve un peu de cette
grâce dont Raffaellino avait fait preuve dans ses œuvres de jeu-
nesse.

Filippino Lippi, maître de Raffaellino, possède une facture bien
autrement libre. Dans la spontanéité avec laquelle se projettent et
se meuvent ses figures, on sent la main du virtuose qui s’éloigne
déjà du quattrocento pour anticiper sur les siècles suivants. La
petite Madone qui est un des joyaux de la collection, semble appar-
tenir à une autre époque d’art à cpté des pièces sévèrement clas-
siques qui l’entourent.

Le dessin suivant, dont nous présentons une reproduction réduite
à moins du demi de l’original, nous montre l’art toscan dans son
naturalisme le plus outré.Ici quelle intensité de caractère,quelle puis-
sance moyenâgeuse! Si nous rapprochons ce dessin des deux petits
panneaux des Offices de Florence : Les Travaux d'Hercule, par Antonio
Pollaiuolo, nous y reconnaîtrons la même main; peut-être devons-
nous y voir une troisième composition faisantpartie de la même série.

L’art de Michel-Ange se compose d’éléments très divers qui
assez souvent se mélangent difficilement et privent ses œuvres d’une
unité complète. Son génie procède de sources opposées. Il est travaillé
par le besoin de se créer une esthétique suffisant à la fois aux
aspirations du poète et de l’homme de science qui vivent en com-
mun en lui. Et quand ces deux se trouvent en lutte, nous nous de-
mandons : est-ce le chercheur ou le rêveur qui aura triomphé, ou
scraient-ce même l’un et l’autre? Aussi la connaissance des dessins
de Michel-Ange n’est guère facile. Nous ne pouvons, au moyen des
seuls critères académiques, nous prononcer, au premier coup d’œil,
sur leur qualité et dire que sa main était incapable d’erreur ; car,
avant de parler de réussite ou d’insuccès nous devons être fixés sur
Y intention du maître, et c’est précisément l'élément variable en lui.
Cherche-t-il à noter le mouvement d’un corps dans son entier? Est-
ce une leçon d’anatomie qu’il nous veut donner? S’agit-il de rendre
la beauté d’une douce lumière qui se répand sur les plans d’un
marbre froid, ou de tracer la ligne parfaite qui cerne le corps et le
détache nettement sur le fond de l’atmosphère? Enfin, veut-il saisir
dans leur fuite incorporelle ces nébuleuses images, privées de chair
et d’os, tracés de son crayon quand sa pensée palpitait de ses vers
immortels? La modeste page inédite de son œuvre immense que
nous sommes heureux de présenter au lecteur ne pourra guère nous
guider dans toutes les profondeurs et les curieux recoins de cette
 
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