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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0189
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pie, et qu’on se rappelle, d’autre part, comment les artistes chrétiens de Byzance
se sont maintes fois inspirés, d’une façon plus ou moins consciente, des types
des dieux païens : quel étrange coup du sort —je cite ici en substance les der-
nières lignes de l’article de M. Furtwaengler— si la plus haute création de Phi-
dias, que nous avions tout lieu de croire perdue pour nous à jamais, était encore,
en quelque façon, vivante parmi nous; si le Zeus d’Olympie, qui paraît être
demeuré isolé et sans postérité dans l’art antique, avait survécu à l’insu de
tous dans le type moderne du Christ !

C’est une œuvre charmante que ce relief enterre cuite, découvert en Sicile et
conservé au musée d’Oxford, dont M. Perçy Gardnera offert la primeur à M. Per-
rot. Nous n’avons devant les yeux, cependant, qu'un débris, haut de 0m25 peine ;
et il est impossible de reconstituer le sujet, qui devait originellement comporter
plusieurs personnages. Ce débris de plaque offre en un fort relief, non pas
repoussé dans un moule, mais directement travaillé à l’ébauchoir, la partie
supérieure d’une Aphrodite tenant des deux mains, par les pattes, un petit bouc.
La ligure est cassée à la taille; la tête, le buste et le bras droit de la déesse sont
demeurés en excellent état. Le petit bouc est amusant, avec sa tête trop grosse
pour son corps et sa barbe épaisse, plantée de telle façon qu’elle descend de ses
joues comme de gros « favoris ». La déesse porte un diadème posé haut sur sa
chevelure soigneusement frisée à trois étages; elle est vêtue du chitôn et d’un
himation qui traverse la poitrine en biais et que retiennent deux agrafes, fixées
l’une au-dessus et l’autre au-dessous de l’épaule droite; un bracelet en forme de
serpent s’enroule quatre fois autour de son poignet droit. Il est impossible
d’exprimer par des mots le charme délicat et lier de ce buste féminin : la tète,
redressée sans raideur, se tourne légèrement vers le spectateur, de manière que
le visage se présente de trois quarts, le corps restant de profil; le cou est d’une
proportion parfaite; les rondeurs de la poitrine ont une discrétion exquise dans
leur adorable jeunesse ; la ligne tombante de l’épaule est d’une élégance suprême ;
etcomme les plis du chitôn adoucissent heureusement l’angle tropdroitdu coude!
et comme tout ce bras est juste et joli, terminé par une main aux doigts modelés
avec une précision fine! et comme le travail des vêtements, très simple, très
sobre, réduit à quelques traits nets, s’accorde bien à l’expression de la figure
elle-même! Peut-être pourrai-je faire sentir vaguement le genre de beauté de ce
morceau délicieux, modelé par quelque artiste inconnu de Sicile vers l’an 500
avant Jésus-Christ, en disant qu’on y trouve quelque chose, voire beaucoup de
cette grâce féminine sobre et fière, de cette distinction un peu hautaine et sou-
verainement séduisante, qui nous plaît en certains bas-reliefs florentins du
xve siècle : c’est une fortune assez rare de rencontrer dans la même œuvre la
fine saveur florentine, déjà jointe— bien avant qu’il n’y eût une Florence —
au charme précieux de l’archaïsme grec.

M. Homolle est aimé des dieux. Encore occupé à exhumer du sol de Delphes
les trésors que l’on sait, tant de sculpture que d’architecture, il avait l’heureuse
chance de voir en Grèce, puis de revoir et de photographier à Paris (où j’espère
bien qu’elle sera restée) une statuette de bronze, qui est fort belle et intéressante.
Car c’est une des rares figures originales, et c’en est une des meilleures, que
l’historien de l’art grec puisse situer dans cette courte période de transition qui
va de l’année 580 environ jusqu’à 550 au plus tard. Le bronze, haut de 0m27,
 
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