PIERRE JULIEN
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A cette même exposition, se trouvaient le Turenne de Pajou, le
Molière de Caffieri, le Vciuban de Bridan. Voyons la critique :
Le Mercure1 dit que « le La Fontaine, grand modèle en plâtre
par Julien, est parfait. On retrouve le bonhomme tout entier dans
cette figure si ingénue, si franche, si aimable ».
Le Continuateur de Bachaumont2 apprécie successivement les
quatre envois pour les statues des grands hommes de France. Il
donne la palme à Julien : « M. Pajou a représenté Turenne semblant
dans l’intention de défendre la couronne de France. On trouve
indécent de faire ainsi dépendre d’un seul homme le sort d’une nation
entière. Pose fi ère, vêtement d’un rendu fini. » Bridan, pour son
Vauban, ne reçoit ni critique ni éloge. Le Molière de Caffiéri est une
statue outrée, entièrement à refaire; au lieu d’un énergumène, l’ar-
tiste aurait du représenter le comédien au sourire fin et malin. »
« Julien. Les connaisseurs s’accordent assez à regarder l’auteur du
La Fontaine, la quatrième et dernière statue qui devait paraître cette
année, comme celui qui a le mieux réussi. C’est un chef-d’œuvre pour
l’expression : « La Fontaine travaillait partout... » M. Julien nous
avertit que c’est ce moment qu’il a choisi. Le bonhomme, ainsi que
Boileau et Racine appelaient La Fontaine, est rendu ici dans toute
sa vérité. Les accessoires sont charmants. Le renard le regarde et
semble s’étonner de la simplicité de celui qui l’a si bien peint et
mis si finement en scène. Autour du socle de la statue sont, en
bas-relief, les fables principales de cet auteur. »
L'Impartialité au Sallon, dédiée à Messieurs les critiques présens
et ci venir, dit que « le Public n’a pas voulu reconnaître Molière dans
la figure de M. Caffiéri. « 11 a plus accueilli La Fontaine par M. Julien
il croit y retrouver la bonhommie, l’insouciance et la simplicité de
cet inimitable fabuliste. Le sculpteur, par la tête du jeune Camille
que l’on voit de lui au Sallon, ne laisse pas douter que l’exécution
en marbre ne devienne très brillante et n’achève de mettre le dernier
sceau à sa réputation. »
Les éloges sont donc unanimes et, d’ailleurs, bien mérités. Mais
poursuivons et attendons l’exécution en marbre pour juger l’œuvre3.
1. N° de septembre 1783, p. 122.
2. T. XXIV, 3e lettre, 26 septembre 1783.
3. Ici vient se placer un concours assez original ouvert à tous les sculpteurs-
membres de l’Académie; presque tous y répondirent. Il s’agissait d’un monu-
ment à élever aux Tuileries pour perpétuer le souvenir de la première expérience
aérostatique faite à Paris. — Le 4 mars 1784, Pajou informe le Directeur général
qu’il a terminé les dessins et les modèles du monument. Julien, Gois, annoncent
XXIX. — 3° PÉRIODE.
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A cette même exposition, se trouvaient le Turenne de Pajou, le
Molière de Caffieri, le Vciuban de Bridan. Voyons la critique :
Le Mercure1 dit que « le La Fontaine, grand modèle en plâtre
par Julien, est parfait. On retrouve le bonhomme tout entier dans
cette figure si ingénue, si franche, si aimable ».
Le Continuateur de Bachaumont2 apprécie successivement les
quatre envois pour les statues des grands hommes de France. Il
donne la palme à Julien : « M. Pajou a représenté Turenne semblant
dans l’intention de défendre la couronne de France. On trouve
indécent de faire ainsi dépendre d’un seul homme le sort d’une nation
entière. Pose fi ère, vêtement d’un rendu fini. » Bridan, pour son
Vauban, ne reçoit ni critique ni éloge. Le Molière de Caffiéri est une
statue outrée, entièrement à refaire; au lieu d’un énergumène, l’ar-
tiste aurait du représenter le comédien au sourire fin et malin. »
« Julien. Les connaisseurs s’accordent assez à regarder l’auteur du
La Fontaine, la quatrième et dernière statue qui devait paraître cette
année, comme celui qui a le mieux réussi. C’est un chef-d’œuvre pour
l’expression : « La Fontaine travaillait partout... » M. Julien nous
avertit que c’est ce moment qu’il a choisi. Le bonhomme, ainsi que
Boileau et Racine appelaient La Fontaine, est rendu ici dans toute
sa vérité. Les accessoires sont charmants. Le renard le regarde et
semble s’étonner de la simplicité de celui qui l’a si bien peint et
mis si finement en scène. Autour du socle de la statue sont, en
bas-relief, les fables principales de cet auteur. »
L'Impartialité au Sallon, dédiée à Messieurs les critiques présens
et ci venir, dit que « le Public n’a pas voulu reconnaître Molière dans
la figure de M. Caffiéri. « 11 a plus accueilli La Fontaine par M. Julien
il croit y retrouver la bonhommie, l’insouciance et la simplicité de
cet inimitable fabuliste. Le sculpteur, par la tête du jeune Camille
que l’on voit de lui au Sallon, ne laisse pas douter que l’exécution
en marbre ne devienne très brillante et n’achève de mettre le dernier
sceau à sa réputation. »
Les éloges sont donc unanimes et, d’ailleurs, bien mérités. Mais
poursuivons et attendons l’exécution en marbre pour juger l’œuvre3.
1. N° de septembre 1783, p. 122.
2. T. XXIV, 3e lettre, 26 septembre 1783.
3. Ici vient se placer un concours assez original ouvert à tous les sculpteurs-
membres de l’Académie; presque tous y répondirent. Il s’agissait d’un monu-
ment à élever aux Tuileries pour perpétuer le souvenir de la première expérience
aérostatique faite à Paris. — Le 4 mars 1784, Pajou informe le Directeur général
qu’il a terminé les dessins et les modèles du monument. Julien, Gois, annoncent
XXIX. — 3° PÉRIODE.
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