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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
état social que l'on appelle le style. C’est pourquoi justement, de nos
jours, elle souffre bien moins que les autres arts de l’incertitude qui
les trouble, du désarroi qui les égare, et des conséquences de l’in-
dividualisme.
La sculpture ne jouit de celte indépendance que pour une part
de son œuvre : le por-
trait; un bon buste de
marbre ou de bronze
sorti des mains d’un
de nos bons portrai-
tistes, MM. Boucher,
Marqueste, Puech,
Bernstamm, Constan-
tin Meunier, n’a besoin
de correspondre à au-
cun décor ornemental
ou architectural, et si
nous lui trouvons un
style, ce qui arrive,
c’est surtout par com-
paraison. Mais, le plus
souvent, l’œuvre du
sculpteur se rapproche
de celle de l’architecte,
et le cumul entre ces
deux arts est celui
que les grands siècles
ont le plus approuvé.
Grande ou petite, une
statue doit me présen-
ter un tout achevé et
harmonieux. On sera
moins sévère pour un
tableau; il peut n’être qu’une impression, une note fugitive; il
peut garder le charme, très grand parfois, de l’esquisse incom-
plète. « Pourquoi, disait bravement Diderot, une belle esquisse nous
plaît-elle plus qu’un bon tableau ?. C’est qu’il y a plus de vie et
moins de formes. A mesure qu’on introduit les formes, la vie dis-
paraît. » Et la forme, tout justement, est une chose que l’on ne peut
guère retirer à une statue ; elle est la statue même ; on a beau ruser,
« GRAND DEUIL »
DE S AIN T - il A R C E A U X
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
état social que l'on appelle le style. C’est pourquoi justement, de nos
jours, elle souffre bien moins que les autres arts de l’incertitude qui
les trouble, du désarroi qui les égare, et des conséquences de l’in-
dividualisme.
La sculpture ne jouit de celte indépendance que pour une part
de son œuvre : le por-
trait; un bon buste de
marbre ou de bronze
sorti des mains d’un
de nos bons portrai-
tistes, MM. Boucher,
Marqueste, Puech,
Bernstamm, Constan-
tin Meunier, n’a besoin
de correspondre à au-
cun décor ornemental
ou architectural, et si
nous lui trouvons un
style, ce qui arrive,
c’est surtout par com-
paraison. Mais, le plus
souvent, l’œuvre du
sculpteur se rapproche
de celle de l’architecte,
et le cumul entre ces
deux arts est celui
que les grands siècles
ont le plus approuvé.
Grande ou petite, une
statue doit me présen-
ter un tout achevé et
harmonieux. On sera
moins sévère pour un
tableau; il peut n’être qu’une impression, une note fugitive; il
peut garder le charme, très grand parfois, de l’esquisse incom-
plète. « Pourquoi, disait bravement Diderot, une belle esquisse nous
plaît-elle plus qu’un bon tableau ?. C’est qu’il y a plus de vie et
moins de formes. A mesure qu’on introduit les formes, la vie dis-
paraît. » Et la forme, tout justement, est une chose que l’on ne peut
guère retirer à une statue ; elle est la statue même ; on a beau ruser,
« GRAND DEUIL »
DE S AIN T - il A R C E A U X
(Société Nationale des Beaux-Arts.)