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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 3
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Reinach, Salomon: Portraits présumés de Saint Louis et de sa famille
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0210
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

morts à Mans.ourah, dans la miniature du manuscrit de la bibliothèque
de Bourgogne, datant de 1456, que j’ai eu le plaisir de publier dans
la Gazette L Mais il me semble que les caractères essentiels du visage
de saint Louis, tels que le buste de Saint-Germain les fait connaître,
reparaissent même dans les copies de copies desquelles dérive le
saint Louis de l’art moderne1 2. Elles permettent d’entrevoir ou de
deviner un original qui, différent du portrait de Saint-Germain,
lequel représente saint Louis à l’âge de vingt-cinq ans environ, n’en
offrait pas moins avec ce dernier un rapport de parenté étroit,
comme deux portraits d’un même personnage à des époques diverses
de sa vie 3.

J’ai à peine besoin d'insister sur l’intérêt de premier ordre que
présente la série des têtes conservées à Saint-Germain, si, comme
j’en ai la conviction, il faut y reconnaître des portraits royaux. Ce
sont désormais les documents les plus anciens de notre iconographie
nationale et le point de départ de toute étude sur l’art du portrait
dans la sculpture française. J’attends les objections que l’on ne man-
quera pas d’élever contre ma thèse; mais, pour le moment, je n’en
vois aucune, à part ce préjugé, dénué de toute preuve, que l’art
gothique de la belle époque n’a point produit de portraits. Celui de
saint Louis ne pouvait nulle part se révéler plus à propos que dans
la chapelle construite par lui et convertie, près de huit siècles après,
en un musée des monuments chrétiens de la Gaule. Il marque, au
sommet de cet édifice, l’apogée d’un mouvement des âmes dont les
sculptures réunies dans la nef racontent les débuts.

SALOIIO.X R E IX A C II

1. Gazette des Beaux-arts, 1er avril 1903.

2. Le type prêté par l’art moderne à saint Louis a été influencé par celui de
Charles V à la suite d’une erreur de Lenoir, qui avait désigné sous le nom de
Louis IX une statue Je Charles V provenant de l’église des Célestins à Paris
(Bordier et Charton, Histoire de France, t. I, P- 473). Mais il se trouve — est-ce un
simple hasard? — que le saint Louis de Saint-Germain a quelques traits communs
avec Charles Y, notamment la longueur du nez.

3. 11 paraît avéré que saint Louis, entre les deux croisades, a laissé croître sa
barbe. C’est là un motif de plus de ne pas attribuer l’achèvement de la chapelle
et, par suite, les têtes des clefs de voûte, à la seconde moitié du xme siècle.
Saint Louis était figuré barbu dans le tableau du Lavement des pieds autrefois
conservé à la Sainte-Chapelle (Longnon, Documents parisiens sur l'iconographie de
saint Louis, pl. 2).
 
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