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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 32.1904

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Nr. 5
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Diehl, Charles: Les mosaïques de Kahrié-Djami, 1: un monument de l'art byzantin au XIVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24814#0403

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LES MOSAÏQUES DE K AH RIÉ-DJA MI

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djami méritent donc une place d’honneur dans l’histoire de l’art
byzantin : elles en montrent en effet l’évolution dernière et comme
la suprême renaissance de cet art qu’on se figure trop volontiers,
même aujourd’hui, figé en d’immuables traditions.

I

Au tympan de la « porte royale », qui du second narthex donne
accès dans l’église, une mosaïque représente le Christ sur son trône,
et, agenouillé à ses pieds, un homme vêtu du somptueux costume des
grands dignitaires byzantins. Coiffé d’un haut bonnet de soie blanche
striée de bandes rouges, habillé d’une tunique dorée que recouvre
un ample manteau vert brodé de fleurettes rouges, il présente au
Seigneur un petit modèle d’église byzantine; et ce détail suffirait à
lui seul à nous faire deviner en lui le fondateur ou le restaurateur de
l’édifice, si une inscription placée dans le champ de la mosaïque ne
nous le désignait plus explicitement comme « le fondateur, le logo-
thète de la caisse centrale, Théodore Métochite ». Nous connaissons
fort bien ce personnage. Ministre et favori de l’empereur Andronicll,
mêlé à toutes les grandes affaires de son temps, tout ensemble
diplomate, homme d’Etat, savant et philosophe, c’est une des plus
curieuses figures et des plus caractéristiques que nous offre la
Byzance du xive siècle, et à ce titre son portrait n’est point indigne
peut-être d’être esquissé.

Il était né à Nicée, et la vie au début lui avait été difficile. Orphe-
lin de bonne heure, il avait dû travailler beaucoup pour achever son
éducation; mais il n’y avait point épargné sa peine, comptant bien
que, dans cette Byzance où la littérature était si fort estimée, les
lettres ne manqueraient point de le conduire à la fortune. Et en effet,
venu vers l’âge de vingt ans à Constantinople, il ne tarda pas, par la
réputation d’orateur qu’il s’y fit, à attirer sur lui l’attention de l’em-

Lülzow (Zeitschrift fur bilclende Knnst, 1880), de Mühlmann (Revue orientale, 1876, et
Arc hiv fur christliche Kunst, 1886 et 1887),il n’y a à citer, comme travaux sérieux,
que deux ouvrages russes : celui de Kondakoff (Odessa, 1881), republié en 1887
dans les Trudy du 6e Congrès archéologique d’Odessa, et dont les conclusions sont
fort contestables, et l’étude récente de Schmitt parue dans les Izvjestija de l’Insti-
tut archéologique russe de Constantinople, t. VIII (1902). Antérieurement à ce
dernier travail, j’ai étudié les mosaïques de Kahrié-djami dans mon cours à la
Sorbonne de 1901-1902, dont on trouvera le résumé dans la Revue des cours et con-
férences, t. X, nos 12, 15, 21. La publication faite, en 1893,par Treu des poèmes de
Théodore Métochite a éclairé, de façon nouvelle et décisive, les problèmes que
pose la Kahrié-djami.
 
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