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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0289

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BIBLIOGRAPHIE

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critique comme étant de Luca! Miss Cruttwell n’a eu réellement aucun secours
pour trier cette masse confuse. Les archivistes qui l’ont précéde'e ont fait, leur
possible pour mettre de l’ordre dans cet ensemble confus. Mais personne n’a eu un
sens assez précis de la qualité et un jugement assez impartial pour frayer un
chemin à travers cette forêt de méprises et d’erreurs. A M. Garocci, inspecteur
des Monuments publics, l’auteur doit bien des indications sur l’existence d’œuvres
de « délia Robia », et le Dr Bode, le prof. Marquand, etc., lui ont donné aide
et assistance au sujet des illustrations; mais à elle, et à elle seule, nous sommes
redevables du critérium qui lui a servi pour éclaircir des questions embrouil-
lées et pour attribuer à nouveau toutes les œuvres, dans leur ordre exact, à leurs
auteurs. Son livre est positivement le premier qui nous mette à même de dis-
tinguer entre le grand Luca et ses disciples dégénérés.

Le critérium de miss Cruttwell repose sur la seule question de l’excellence.
Mais son application exige une éducation toute spéciale dans l’appréciation de
la forme; et le sentiment de la forme est peut-être le don des Muses le plus
jalousement gardé. Elle a placé son idéal aussi haut que les meilleurs ouvrages
grecs, — nous n’en avons pas de plus élevé. Jugé de ce point de vue, Luca
délia Robbia, seul de tous les « délia Robbia », reste un grand artiste. L’œuvre
d’Andrea délia Robbia a, il est vrai, plus de grâce et d’attrait que celle plus sévè-
rement classique de Luca. Et, comme la plupart des gens, dans le secret de leur
cœur, préfèrent la grâce à la beauté, ils discuteront probablement les opinions
de Miss Cruttwell et se plaindront de son jugement, qui leur semblera trop sévère.
Il y a cependant beaucoup à dire en faveur d’un idéal élevé et l’on ne doit jamais
mettre sur le même niveau l’attrait propre d’une œuvre et les qualités spécifi-
quement artistiques qui font la grande sculpture, ni admettre que le charme
égale la noblesse : de toute façon tâchons d’avoir le plus pur idéal de goût; lais-
sons ceux qui préfèrent les formes d’un art moins ardu exercer leur préférence
avec la pleine conscience que c’est là une faiblesse de leur part; admettons que
cette faiblesse soit de celles pour lesquelles nous devons tous, dans certains cas,
être indulgents ou même sympathiques.

Maintenant que j’ai exprimé ma vive admiration pour les lignes générales du
livre de Miss Cruttwell, il me sera permis, avant même d’indiquer rapidement
les cas, heureusement très rares, dans lesquels, à ce qu’il me semble, elle n’a pas
appliqué son propre système de critique, de faire quelques réserves.

Dans le groupe reproduit en frontispice de son livre, l’exquise et touchante
Visitatian de Pistoie, je ne peux m’empèclier de croire, avec le Dr Bode et M. Marcel
Reymond, que l’auteur est plutôt l’émouvant Andrea que le classique et imper-
sonnel Luca. 11 est vrai que beaucoup de détails de cette belle œuvre sont
conformes aux Luca authentiques; pour moi il y a justement là cette touche et
cette interprétation consciente du sentiment humain qui commença à envahir
l’art florentin au moment où Andrea arrivait à sa maturité, mais qui est aussi
éloignée de Luca que de Masaccio lui-même. Luca a exprimé la joie et la dou-
leur, mais sous leurs formes abstraites et impersonnelles, comme dans les
enfants bondissants de la Cantoria, ou dans sa grande Crucifixion d’Impru-
neta. Mais dans cette Visitation il n’y a rien d’abstrait ou d’impersonnel; il y a
simplement une gracieuse jeune fille touchée par le respect dont le précieux
fardeau qu’elle porte est l’objet, et une vieille femme tombant à genoux, en
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