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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0296

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264

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de l’artiste (p. 145-147) est une des meilleures choses de son livre. Je veux seu-
lement mentionner encore ses admirables pages sur les Bambini des Innocenti,
la Madone de Palerme, l’Ange de Brunswick (collection Vieweg), le portrait de
Viterbe, les importantes œuvres de jeunesse d'Andrea à la Verna, le charmant
bas-relief de Crefeld, et le tympan du Prato (fîg. VI), ayant nécessairement
passé ici sous silence bien d’autres œuvres également délicieuses et importantes.

Les nombreux fils d’Andrea furent tous, qu’ils eussent ou non du talent,
élevés par lui pour être ses auxiliaires. Giovanni semble avoir été le plus doué
de tous, et il assuma peu à peu le contrôle de ce qui était devenu, à son
époque, une grande entreprise commerciale. Sous sa direction, toute signifi-
cation du sujet et toute unité de composition sont perdues, et il y a une déca-
dence constante dans la technique, le vernissage devenant grossier et inégal, la
coloration boueuse quoique criarde, les différents morceaux étant négligemment
assemblés. Giovanni fut par goût plutôt un peintre qu’un sculpteur, et sous lui
l’application de la couleur aux objets vernissés prit un plus grand, et, au point
de vue artistique, un fatal développement.

Des fonds de paysage, des personnages en plein relief, avec des chairs de tons
réalistes, des draperies imitant positivement de vraies étoffes, remplacèrent
les montures décoratives de Luca, sa forme sévèrement traitée, son relief bien
compris et sa rigoureuse subordination du détail à l’effet principal.Et ainsi, en
moins de cent ans après la mort de Luca, l’école s’écarta de tous les vrais prin-
cipes de l’art, et bientôt cessa même d’être populaire. Avant la fin du xvie siècle,
la demande des produits de la « fabbrica délia Robbia » avait cessé. La fameuse
frise de l’hôpital de Pistoie — une frise qui doit presque toute sa beauté à son
entourage si heureusement architectural et topographique — est une des der-
nières œuvres tolérables des descendants du grand Luca.

Un travail consciencieux, patient, tel que celui de notre auteur, est rare ; mais
ce qui est encore plus rare, c’est de trouver tant de zèle et d’honnêteté alliés à un
goût aussi parfaitement formé. En parlant d’un grand artiste, le goût et le sens
élevé de la valeur d’une œuvre est la chose essentielle. Pour l’œuvre que nous
venons d’examiner cela est encore plus nécessaire, car il n’y a là aucune saine
tradition à suivre, et les documents sont naturellement de peu d’utilité quand il
s’agit d’ouvrages où deux ou plusieurs artistes de la même famille eurent l’habi-
tude de collaborer. Même dans les œuvres pour lesquelles Luca recevait la com-
mande et le paiement, il est clair qu’Andrea l’aida quelquefois, et quand Giovanni
surgit, il n’y a absolument qu’un sens précis de la valeur personnelle et que la
faculté de distinguer les styles qui puisse aider à démêler la part de chacun.

Miss Cruttwell s’est très habilement acquittée de cette lâche, elle mérite la
gratitude de tous ceux pour qui le point important dans une œuvre d’art est sa
beauté inhérente, et pour lesquels l’intérêt de la critique consiste surtout à
définir avec précision les qualités propres à chacun des artistes qu’elle étudie.

MARY LOGAS

L’Imprimeur-gérant : J.-F. Schnerb.

PARIS. — IMPRIMERIE DE LA « GAZETTE DES BEAUX-ARTS », 8, RUE FAVART.
 
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