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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 6
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Tourneux, Maurice: Un projet de Prud'hon pour l'escalier du Muséum Central des Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0522

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474

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

fut-il pas exécuté? Tous les biographes de Prud’hon ont négligé de
s’en enquérir. Il existe cependant, de ce projet abandonné, une
esquisse peinte et deux dessins. Cette « franche esquisse, d'une
belle couleur », dit Edmond de Concourt, mesure 49 centimètres de
hauteur et 30 centimètres de largeur; elle a successivement passé
dans les ventes Laffitte (1834), Henry (1836), Thévenin (1831).
Laperlier (1867), et elle appartenait en 1876 à M. Sabatier, ministre
plénipotentiaire. Des deux dessins, l'un, toujours selon Edmond de
Concourt, n’est qu’un croquis (collection Eudoxe Marcille) ; mais
d’une telle main tout est précieux, et d'ailleurs Bruun-Neergaard,
qui avait vécu dans la familiarité de Prud’hon, nous fournit sur ses
procédés de composition un détail typique : « Ses esquisses », dit-il,
« sont ordinairement faites au crayon noir avec un peu de blanc dont
il sait tirer le plus grand parti, môme dans les dessins finis. Il
commence d’abord par barbouiller son papier qu’il efface ensuite
jusqu’à ce qu’il ait fait sortir son idéal. » Or, dans le second dessin
connu et terminé de cette composition, dessin dont la reproduction
accompagne ces lignes, P « idéal » est enfin « sorti » et Prud’hon n’y
eût sans doute rien modifié s’il l’eût transporté sur la toile; bien
plus, il y a supprimé le chœur des Muses qu’on aperçoit au bas de
l’esquisse peinte, et cette suppression donne plus de souplesse et
d’envergure au groupe harmonieux qui plane dans l’espace.

M. Marcille père avait acquis ce magnifique dessin du peintre
Trézel, élève de Prud’hon, pour la somme de six cents francs, et lors
du partage de sa succession, il échut à son fils Camille. A la vente
de celui-ci (6 mars 1876), où il portait ce titre inattendu : La
Renaissance des arts, il fut acheté trois mille francs; en 1900,
M. Deutscli (de la Meurthe) consentit à le prêter pour cette Expo-
sition centennale qui avait groupé tant de curiosités, dont beaucoup
étaient des chefs-d’œuvre, parmi lesquels ce dessin de Prud’hon
tenait le premier rang, car c’était là, selon la juste remarque de
Paul de Saint-Victor, « une de ces allégories métaphysiques à la
mode du temps que leur titre ferait croire si froides et si mortes,
mais que l’adorable maître réchauffait comme d’un souffle de prin-
temps sacré. »

MAURICE TOURNEUX
 
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