Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

12 GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des lois de ce prince, monument devenu célèbre dans le monde entier
et qui a déjà fait l’objet de nombreux travaux1. Nous donnons ici
une héliogravure de l’ensemble2. L’effet du relief, juché tout en haut
de cette espèce de menhirchaldéen, est très imposant. Le roi debout,
coiffé du turban, drapé dans sa longue robe, fait un geste de respec-
tueuse adoration et reçoit la parole du dieu Samas qui, assis, tenant
le sceptre ou la baguette du souverain pouvoir3, lui dicte ses volon-
tés : tel Moïse recevant les Tables de la Loi des mains de Jéhovah
sur le Mont Sinaï. On sait que l’importance et la haute portée reli-
gieuse de ce document juridique ont ému les têtes couronnées elles-

mêmes : en Allemagne, une sorte de
rescrit impérial a concédé au roi Ham-
mourabi une place officielle à côté des
grands patriarches de la Bible. Il exis-
tait à Suse des duplicata de ce code;
on le sait par des' fragments d’ins-
criptions et par un second bas-relief
qui répète sous une forme semblable
a figure du dieu assis L

Dans la période que M. Jéquier
a étudiée sous le nom de Deuxième
Royaume Susien, il faut placer (vers
le xive siècle avant notre ère) un des
plus importants monuments que la Dé-
légation ait rapportés de Suse, et non
sans peine, car le poids en dépasse 1 750 kilogrammes ! C’est une
statue de bronze, de grandeur naturelle, qui représente une femme
drapée dont malheureusement la tête manque. Une inscription
lue par le P. Scbeil fait connaître que nous avons sous les yeux
l’image de la reine Napir-Asoul femme d’Ountas-Gal6. La prin-
cesse debout, les mains croisées, dans l’attitude respectueuse que

1. Une liste en est donnée dans le petit volume, Histoire et travaux de la
Délégation, p. 144. Je rappelle que le P. Scheil en a publié une petite édition
populaire (Leroux, 1904).

2. V. aussi Mémoires, t. VII, pl. o.

3. M. Jéquier (ibid., p. 29) y reconnaît un stylet à écrire. Mais cet instrument
me paraît beaucoup trop grand pour être le calame employé à inciser l’argile.

4. Mémoires, t. VII, pl. 1, tlg. C.

5. Mémoires, t. V, p. 2 (n° lxv). Je dois à l’aimable complaisance de M. de
Morgan l’autorisation de publier plusieurs vignettes d'après les monuments
encore inédits de la collection.

6. Je change un peu les transcriptions. Je n’ai jamais compris pourquoi plu-

MASQUE EN A R GEN T ,
ÉPOQUE ÉLAM1TE
(Musée du Louvre.)