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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 2
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Mâle, Emile: Une influence des mystères sur l'art italien du XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0102

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92

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ceux du Mystère, on a la surprise de reconnaître que ce sont les
mêmes.

Le prophète Elie, par exemple, dit, comme dans le Mystère, dans
l’inscription de Baccio Baldini :

Io vengho certamente a dichiarare
Sicchome debbe nascere il signore
Del mondo e questo gia non puô mancbare
Cbannoi verra cho grandissimo amore
In tal legione mi voglio fermare
Ed adorarlo con tutto il mio cuore :

Darraci grazia, e torracci via rea
E nascer de’ d’una vergine ebrea.

La Sibylle persique dit ici et là :

Ecco per cui la bestia conculcata
Sara e fia concetto el sir giocondo, etc.

Si l’on a la patience de comparer les inscriptions des gravures
avec le texte du Mystère, on verra qu’il n’y a presque point de dif-
férences. Les variantes que l'on rencontre sont insignifiantes et
proviennent souvent de l’étourderie du copiste.

Il faut faire remarquer pourtant que les Prophètes et les Sibylles
sont un peu plus nombreux dans les gravures que dans le Mystère.
Gela vient tout simplement de ce que le graveur a illustré une
forme du Mystère un peu plus développée que celle qu’a publiée
M. d’Ancona. Nous savons, en effet, que ce Mystère de l’Annonciation
a été représenté plusieurs fois et chaque fois avec des additions. Il
est allé s’enrichissant sans cesse, car, dans sa forme primitive, il
ne comportait que quatre Prophètes et huit Sibylles. Le graveur
florentin a illustré le Mystère quand il fut arrivé à sa forme défini-
tive.

On admettra donc sans peine, maintenant, que les Prophètes et
les Sibylles ont été représentés par l’artiste tels qu’ils apparaissaient
sur le théâtre. Ils portaient certainement sur la scène les costumes
et les attributs que nous leur voyons dans les gravures. Cela prouve
que la mise en scène du théâtre florentin ne différait pas beaucoup
de celle de notre théâtre français. Car, dans l’art français du
xve siècle, les Prophètes portent des costumes très analogues à ceux
des Prophètes de Baldini. Ces turbans, ces chapeaux qui ne ressem-
blent à rien de connu, ces manteaux ornés de broderies, étaient, en
France comme en Italie, des costumes de théâtre.
 
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