Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

MADAME DE MIRBEL

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Elle naquit à Cherbourg’, le 8 thermidor an IV (26 juillet 1796),
de Gilles-Marie Georges Rue et d’Eulalie-Zoé Bailly de Monthion.
Sa mère, née à l’ile Bourbon, était la sœur de ce général Bailly
de Monthion qui fut un instant major-général de la Grande
Armée et auprès duquel elle se réfugia avec ses enfants lorsque
la mort prématurée de M. Gilles Rue, commissaire de la Marine,
l’eut laissée sans ressources.

Grâce aux relations de son
oncle, la jeune Lizinka Rue
fréquenta, dans la capitale,
toute la brillante société
de l’Empire. Elle fut une
des familières du salon de
Mm0 Suard1. Très fine et très
intelligente, elle sut plaire et
se ménager des amis : le duc
Decazes qui ne cessa jamais
delà protéger, Guizot, Molé,
le baron Gérard, qui lui donna
des leçons de dessin2 et peut-
être décida de sa vocation.

Lorsque Mme de Mirbel
commença à peindre et choi-
sit la miniature, poussée, si
nous en croyons Jal3, par le
désir maladif de rester impec-
cablement propre et d’éviter les taches qu’amène la peinture à l’huile,
cette expression d’art n’avait pas cessé d’être goûtée. De grands artistes
l’avaient cultivée que Mme de Mirbel connaissait : Isabey, Augustin,
Jean Guérin, Prud’hon même. Les émigrés, ceux que l’Empire avait
attirés comme ceux que la Restauration ramenait, ne pouvaient, dans
leur amour des vieilles coutumes, oublier les miniaturistes qui fixè-
rent les traits de leurs aïeux: Fragonard s’étaitplu àpeindrela joliesse
d'une mère; Joseph Boze, la grâce d’un enfant; telle amante, jadis

PORTRAIT DE JEUNE HOMME (M. GILLES RUE?)
MINIATURE PAR Mme DE MIRBEL (1830)
(Musée du Louvre.)

1. L'Illustration, 8 septembre 1849.

2. Comtesse de Bassanville, Les Salons d’autrefois, t. If, p. 279.

3. Jal, Dictionnaire de biographie, article Mirbel.