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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 2
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Jean, René: Madame de Mirbel
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0145

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

aimée, gardait un éternel sourire par la vertu du pinceau de Hall, de
Dumont ou de Yestier : autant de raisons pour prier un artiste à la
modede faire éclore sur l’ivoire un nouveau souriredans la grâce d’un
nouveau visage. Les mobiles pratiques s’ajoutaient, pour Mlle Rue,
aux mobiles de goût et de sentiment.

Ce fut Augustin, alors dans tout l’éclat de sa renommée, qui ensei-
gna à Mlle Rue la pratique de son métier, et le professeur ne se douta
pas que cette élève allait bientôt le dépasser, en gloire comme en
talent.

*

* *

En 1818,MUc Lizinka Rue eut une grande joie : S. M. Louis XVIII
consentait à poser pour une miniature ou, plus exactement, le sou-
verain permettait que la jeune fille assistât aux repas de la famille
royale, debout dans l’embrasure d’une fenêtre, — l’étiquette ne per-
mettant pas qu’elle s’assît, — avec la faculté de prendre des cro-
quis sur un chevalet dressé devant elle. Faire un portrait dans ces
conditions était une tâche ardue et difficile, mais dont la réussite,
en attirant l’attention sur l’artiste, lui était la cause d’un succès
complet, le portrait d’une personnalité ayant toujours plus fait, pour
la fortune d’un peintre, qu’un chef-d’œuvre incompris des foules â
son apparition.

Mlle Rue se tira à son honneur de la besogne qu’elle avait entre-
prise. Le roi se déclara enchanté de son effigie, et, chose plus im-
portante, Madame, Madame elle-même, qui, sèche, hautaine et dédai-
gneuse, avait à peine remarqué l’artiste, Madame daigna approuver
et faire des louanges1. Aussi, Mlle Lizinka Rue obtenait-elle le titre
de peintre en miniatures de la chambre de Sa Majesté. « Cette grâce
était bien due », indique le Moniteur Universel du 21 août 1818,
« à l’auteur du portrait du roi le plus ressemblant qui ait été fait
jusqu’à présent, et dont S. M. a daigné témoigner toute sa satis-
faction. »

Comment Mllc Lizinka Rue put-elle obtenir, alors qu’elle était si
jeune et sans notoriété, la faveur d’entreprendre le portrait de
Louis XVIII ? Peut-être grâce à l’appui du duc Decazes, alors tout-
puissant et qui restait cet « homme parfaitement spirituel, aimable

1. Jal, Dictionnaire de biographie.
 
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