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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 2
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Jean, René: Madame de Mirbel
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0149

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138

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

a une réelle émotion dans ses lettres lorsqu’il parle de Mme de Mir-
bel, qu’il nomme sa souveraine. C’est ainsi qu’il écrit au Dr Girou
de Buzareingues, à la fin d’une lettre où il le prie de venir voir sa
femme souffrante r « Agréez, mon cher docteur, mes compliments
et l’assurance de mon affection et veuillez me mettre aux pieds de
votre souveraine, car je pense que chez vous, comme chez moi, le
sceptre est tombé en quenouille, ce qui est bien commode pour nous1. »
Tel quel, ce mariage devait être une association loyale et franche,
paisible et calme. Il devait permettre à Mmc de Mirbcl de tenir dans
la société parisienne le rang qu’elle convoitait et pour lequel, en
vérité, il semble qu’elle était née. Par là seulement, il a pu avoir
une influence sur son art, mais cette influence, toutà fait indirecte,
est impossible à dégager. Cette union n’a jamais eu ces alternatives
de bonheur profond et d’effroi instinctif que les grandes passions
procurent, ces suites d’heures tour à tour légères comme une espé-
rance d’enfant, puis lourdes ainsi qu’un souvenir d’amante délais-
sée, que les profondes amours connaissent. Il est donc inutile de
•chercher en elle rien qui puisse expliquer ni le talent de Mme de
JVlirbel, ni son essor rapide.



îjî îf

Il ne semble pas que la retraite du duc Decazes, comme la pré-
sence à la direction des Beaux-Arts de Sosthône de La Rochefou-
cauld, l’ami et le protégé de la comtesse du Cayla, pas plus que
l’avènement au trône de Charles X, aient diminué en rien le
crédit et la puissance de Mme de Mirbel. Si elle ne portraiture, — à
ma connaissance, du moins, — aucun membre de la famille royale
sous le règne de l’ancien comte d’Artois2 3, cela ne l’empêche pas
d’agir en maître au Musée lors des expositions. Je n’en veux pour
preuve que cet incident qui précéda le Salon de 1827 et qui nous
est rapporté par Jal, toujours véridique et bien renseigné .

L’ouverture de ce Salon avait été fixée, dans une intention de
flatterie à l’égard du monarque, au 4 novembre, jour de la Saint-

1. Je dois la communication de cette lettre à l’obligeance de M. Girou de
Buzareingues.

2. F. Reiset dit, il est vrai, que le roi Charles X posa devant Mme de Mirbel en
•1827 (Notice des dessins du Louvre, Paris, 1883, p. 371).

3. Jal, Esquisses, croquis, pochades, ou tout ce que l’on voudra sur le Salon de
'1827. Paris, 1828, p. 3 et 4.
 
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