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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Lemonnier, Henry: Jean Goujon et la salle des Cariatides au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0208

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

lait à côté d’érudits, de poètes, et dont Ronsard lui-même fit partie.

Ajoutons un dernier fait qui montrera, si notre observation
•est acceptée, combien le grand sculpteur regardait autour de lui.
L’arrangement d’une partie de la tunique des cariatides et du gros
nœud qui en forme le centre n’est pas conforme à celui de la plupart
des statues antiques. On ne le rencontre pas une seule fois dans
l’album de Jacques. Or, cette disposition particulière est propre, a-
t-on dit, à quelques statues de Cellini ; mais surtout, si l’on examine
Y Ariane couchée, rapportée par le Primatice, on y trouve presque le
même agencement avec le nœud au côté droit.

En dehors des antiques, il faudrait aussi tenir compte des
figures hiéroglyphiques de Raphaël1, quenous mentionnions ci-dessus.
Elles respirent cette sérénité calme, extatique pour ainsi dire,
qui donne aux cariatides un peu de leur beauté idéale. Même cer-
tains ornements, certains détails de coiffure, paraissent avoir servi
à Goujon. Elles étaient évidemment connues en France. L’album de
Jacques en reproduit au trait deux ou trois1.

On aurait à se demander, en dernier lieu, si les cariatides ont
subi des restaurations de la part de Percier et Fontaine. Après plus
de deux siècles et demi, pendant lesquels la salle où elles se trou-
vaient avait subi tant de vicissitudes, étaient-elles restées intactes?
On voit bien quelques doigts remplacés aux pieds ou aux mains,
quelques fragments d’étoffe restitués, et il est permis de penser
qu'elles furent nettoyées de la poussière ou des taches dont elles
devaient être couvertes. Mais, à une époque où l’on n’était pas scru-
puleux à l’égard des monuments du passé, Percier et Fontaine
auraient-ils fait procéder à de véritables retouches ou regrattages?
Ce qui autoriserait à poser la question, c'est certaine sécheresse
d’exécution, qu’on ne peut s’empêcher de remarquer, quelque admi-
ration qu’on professe pour l’œuvre en elle-même. Il est certain que le
ciseau de Goujon, pour employer l’expression habituelle, a bien plus
de souplesse, de morbidesse, dans les figures mêmes de la façade du
Louvre, sans parler de celles de la fontaine des Innocents. Cette
•différence peut tenir, il est vrai, à la différence entre la ronde-bosse
et le bas-relief ou au caractère semi-architectural de ces statues.
-On aurait à se demander encore s’il n’y a pas quelques procédés
matériels habituels aux statuaires du début du xixe siècle. Ce
sont des questions que nous remettons à de plus compétents.

1. Ou encore des cariatides attribuées à Marc-Antoine et gravées peut-être
•d’après un dessin de Raphaël (v. ci-dessus, p. 187).
 
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