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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Lemonnier, Henry: Jean Goujon et la salle des Cariatides au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0210

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

a été agrémentée d’ornements modernes), on ne retrouve Ja sou-
plesse, ta grâce et l’élégance habituelles à Goujon. Peut-être fau-
drait-il parler, tout au plus, de son école, ainsi que le faisaient
d’ailleurs, avec une réserve, Ciarac et Courajod.

Voici maintenant par où cette étude d’un point particulier d’his-
toire peut appartenir à l’histoire générale : c’est que le rapproche-
ment de la salle des Cariatides et de la tribune avec d’autres œuvres
du xvi° siècle permet de compléter et de préciser ce qu’on sait de
l’esprit de la Renaissance française et du génie de Goujon. L’un et
l’autre sont, en définitive, faits d’emprunts à l’antiquité et à l’Italie,
considérée comme interprète de F antiquité. Plus on avance dans le
xvic siècle, plus le classicisme se forme de l’imitation des modèles
grecs ou latins. Vitruve est le guide des architectes, lui ou scs
commentateurs italiens : colonnes, chapiteaux, ornements, nous
viennent de son ouvrage ou des « ruines » qu’on étudie partout. La
statuaire s’inspire des mêmes doctrines et des mêmes admirations.

Jean Goujon est peut-être l’expression la plus forte —- et la plus
délicate — de ce classicisme gréco-romain. Il est nourri des anciens;
il y ajoute comme tous ses contemporains la connaissance des
œuvres de Michel-Ange, de Raphaël ou de leurs disciples. Enfin, et
c’est encore là un trait de son temps, il est familier avec les semi-
décadents, tels que Parmesan ou Primatice, et il leur doit beaucoup,
sinon dans ses cariatides, au moins dans une partie de son œuvre.
Mais ses facultés d’assimilation, qui étaient remarquables, servirent
surtout d’aliment à son génie, qui resta personnel. Au sentiment
de la beauté antique ou même raphaélique, il ajouta la grâce, l’élé-
gance, le charme, le raffinement, si l’on veut, que ne lui révélaient
pas les œuvres qu’il avait sous les yeux. Et si des artistes comme le
Primatice et Parmesan ne laissèrent pas d’influer sur son inspira-
tion, il trouva en lui-même le juste sentiment de la mesure, de l’har-
monie, du style en un mot, qui leur avait manqué.

Il E X R Y I. E M 0 N X I E R
 
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